Pour plus d’autonomie sanitaire
Quand les chaînes de production et de distribution se rompent et que tout manque, que reste-t-il ? Les plantes ! Les herbes et les plantes sont une ressource renouvelable, naturelle et indispensable, au point que l’Angleterre avait fait de l’herboristerie une cause nationale pendant la Seconde Guerre mondiale.
Il existe depuis longtemps une connaissance populaire et empirique des plantes, que ce soit pour les soins des bêtes ou pour ceux des humains. La perte de ces savoirs traditionnels, la spécialisation, la concentration du pouvoir médical et l’esprit scientiste actuels rendent une telle résilience difficilement imaginable de nos jours.
Le nombre grandissant de paysans herboristes (en Bretagne, on en comptait un en 1985, cent en 2019) est le signe positif d’une reconnaissance de ces savoirs qui a besoin d’être enfin accompagnée par les pouvoirs publics. Il est temps de revaloriser la place de l’herboristerie qui, loin d’être le témoin d’une tradition dépassée, est portée par des passeu·ses rebelles et passionnées, qu’ils ou elles soient productrices, cueilleuses, phytothérapeutes ou même parfois pharmaciennes.
Écrasé par une règlementation pensée pour les industriels, cet artisanat n’est pas reconnu. L’herboristerie est ligotée par une étiquette de « bien-être », « bon pour l’énergie » et autres inepties commerciales qui sont une insulte au pouvoir de guérir des plantes.
Pendant des millénaires, l’humanité s’est soignée grâce à la phytothérapie (et se soigne toujours, d’ailleurs, puisque 70 % de nos médicaments occidentaux sont issus des plantes) : il faut se réapproprier ces savoirs, à l’image de la cabane médicale de la Zad à Notre-Dame-des-Landes.
La plante sauvage est souvent présentée comme un risque, à ne pas mettre entre toutes les mains. Les peurs collectives autour de la nature sont nombreuses et encouragées. Mais derrière les messages de protection, en réalité, seules 150 plantes en Europe peuvent se révéler mortelles et pour 60 %, ce sont des plantes décoratives à l’intérieur des maisons. Il existe très peu de cas avérés d’intoxication ; les centres anti-poisons n’ont recensé en 2007 que 18 cas graves de mésusage de plantes. Face à la méconnaissance des enjeux économiques et culturels incroyables qui se cachent derrière les plantes, nous avons eu envie de mettre à l’honneur dans ce dossier celles et ceux qui par leurs pratiques, leur savoir et leur persévérance nous permettent de redécouvrir l’herboristerie et ses potentiels.
Nous vous présentons ici quelques visages de cette galaxie afin de vous donner, pourquoi pas ? envie de rejoindre la grande famille de celles et ceux qui savent tout ce que nous devons aux plantes.
Catherine Rulleau