On trouve de nombreuses informations très intéressantes et détaillées dans ce rapport. C’est pourquoi Générations Futures a décidé d’utiliser ces données pour évaluer globalement la proportion des pesticides retrouvés dans l’air étant des Perturbateurs Endocriniens (PE) suspectés ou des cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques (CMR). Les propriétés CMR et le statut d’autorisation des substances pesticides en Europe ont été définies en fonction de la base de données de l’Union européenne sur les pesticides en février 2020. Les propriétés PE suspectées ont été définies en utilisant la base de données américaine TEDX.
Les résultats de notre analyse ont de quoi inquiéter. Ainsi :
• Plus du quart (27,55%) des quantifications de pesticides dans l’air en 2017 étaient le fait de pesticides classés CMR selon l’Europe ! Cela concerne 28,84% des 52 substances actives retrouvées en tout au moins une fois.
• Plus de la moitié (56,33%) des quantifications de pesticides dans l’air en 2017 étaient le fait de pesticides suspectés PE selon la base TEDX ! Cela concerne 61,53% des 52 substances actives retrouvées en tout au moins une fois.
Ces résultats témoignent du fait que l’air est une voie d’exposition réelle des populations à des pesticides préoccupants, perturbateurs endocriniens ou CMR. Ceci est particulièrement préoccupant pour les groupes vulnérables que sont les riverain·es des zones cultivées, particulièrement exposé·es.
Protéger les riverain⋅es
La présence fréquente de substances actives perturbateurs endocriniens parmi les résidus de pesticides quantifiés dans l’air est particulièrement préoccupante car pour ces substances c’est plus la période d’exposition qui fait le risque que le niveau d’exposition, et donc même des quantités faibles de tels pesticides dans l’air peuvent avoir potentiellement des effets néfastes si l’exposition a lieu à des périodes spécifiques de la vie (fenêtres de sensibilité). À l’heure où de nombreu·ses maires essayent de protéger leur population des pesticides en prenant des arrêtés pour restreindre leur utilisation ces résultats montrent qu’il est urgent de protéger les populations les plus exposées en milieu rural en introduisant des zones tampons réellement protectrices d’au moins 100 m. A l’heure actuelle, les mesures proposées par le Gouvernement ne permettent pas de protéger les populations. C’est d’ailleurs pour cette raison que notre ONG, avec un collectif d’autres organisations, a déposé un recours juridique devant le Conseil d’Etat. Affaire à suivre !