La bienveillance est une attitude positive et attentionnée envers quelqu’un. Elle n’est pas compassion exagérée ni complaisance ni laxisme, car elle inclut l’exigence du respect des droits des autres et des contrats passés.
Qu’est ce que l’éducation bienveillante ?
Il s’agit d’une éducation fondée sur le respect de l’enfant et axée sur l’attitude empathique de l’éducat·rice (parent ou autre). Les principes en sont simples : s’opposer à toute forme de violence, protéger l’intégrité de l’enfant, le considérer comme un être humain à part entière, avec des droits (et donc des devoirs envers les autres humains) et, enfin, distinguer l’enfant de ses actes : l’enfant n’est jamais mauvais, mais parfois l’acte qu’il a commis est dommageable, voire destructeur. Pour viser une évolution positive durable, les parents sont invités à se poser les questions suivantes : quel message se cache derrière ce comportement regrettable ? Qu’est-ce que l’enfant essaie de dire ? De quoi a-t-il besoin ?
Ce type d’éducation nécessite souvent des efforts et une prise de distance émotionnelle de la part des éducat·rices, s’ils ou elles souhaitent éviter de reproduire les schémas qui les ont fait souffrir dans leur propre éducation. Attention toutefois à ne pas mettre trop de pression sur les parents ou sur les enseignant·es qui risqueraient de se sentir coupables au premier dérapage, dans un moment de fatigue par exemple.
Bienveillance éducative et réussite scolaire
Les capacités cognitives des élèves sont intimement liées aux émotions qu’ils et elles ressentent. Il est repéré aujourd’hui que l’autorégulation, l’attention, la motivation ou la créativité se développent plus facilement dans un climat joyeux, avec des activités dont on comprend l’intérêt et, encore mieux, si l’on éprouve un sentiment de fierté ; les élèves peuvent ainsi mettre en œuvre des stratégies adaptées aux tâches scolaires et donc mieux y réussir. A contrario, quand les élèves ressentent trop d’émotions négatives (peur, honte, etc.), leur énergie passe dans les efforts pour ne pas se laisser submerger par ces émotions très désagréables et leur apprentissage en pâtit. La bienveillance éducative est une dimension de l’agir professionnel des enseignant·es. Elle se traduit par exemple dans un geste d’évaluation dépourvu de toute humiliation : celui-ci doit être clair, informatif et encourageant. La méthode d’apprentissage expérimental avec une succession d’essais et d’erreurs permises, analysées et corrigées est efficace, qu’il s’agisse de mathématiques ou de comportement citoyen.
Attention toutefois à ne pas confondre posture et structure. La bienveillance des enseignant·es ne saurait être le remède aux problèmes structurels rencontrés par l’éducation nationale actuellement, n’en déplaise au ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, qui en a fait un fer de lance en 2017. Les directives ministérielles sont individualisantes et masquent le manque d’engagement, en terme de moyens, pour l’éducation et un tri entre les élèves qui continue de se faire. L’évaluation positive que doivent mettre en place les enseignant·es ne pallie pas les inégalités scolaires, et les fractures d’apprentissages. De même, le terme de « bienveillance » est de plus en plus utilisé dans les grandes entreprises comme politique de management. Or, l’injonction à la bienveillance invisibilise plus qu’elle n’amoindrit les violences structurelles liées à la précarisation du salariat, ou au poids de l’origine sociale dans l’apprentissage actuel.
Bienveillance éducative et non-violence
Le MAN, Mouvement pour une Alternative Non-violente, engagé depuis de nombreuses années dans l’éducation à la non-violence et à la paix s’inscrit dans cette démarche de bienveillance éducative. Il organise des ateliers de formation pour les parents, pour les enseignant·es, pour les animat·rices ainsi que pour les enfants et adolescent·es et, d’une manière générale, pour toute personne intéressée à développer des compétences dans ce domaine. Faire place aux droits de l’autre peut générer des frustrations ; apprendre à les dépasser sans recourir à la violence est un élément constitutif de la construction de la personnalité. Et d’une société apaisée.
La théorie de l’attachement a été développée dans les années 60 par John Bowlby : dès sa toute petite enfance, le jeune humain construit des modèles d’attachement en fonction de ses interactions avec les adultes qui l’entourent et répondent à ses besoins, ou pas. C’est à partir de ces premières expériences que l’enfant va construire sa base de sécurité, ce qui impactera son mode relationnel avec ses semblables.
La psychologie positive, élaborée dans les années 1990 par Martin E.P. Seligman, met en exergue les facteurs qui aident les enfants à devenir confiants, responsables, fraternels et résilients : l’estime de soi, la confiance en soi, l’empathie, etc.
La Communication Non Violente (CNV), approche proposée par Marshall Rosenberg dans les années 70, vise la connexion empathique avec l’autre. La CNV invite chacun à se centrer sur ses propres besoins, à prendre la responsabilité de leur satisfaction, en demandant ou non une aide explicite à d’autres. Cela nécessite de prendre conscience de ses émotions, de savoir les nommer et exprimer les besoins sous-jacents ainsi que d’être à l’écoute des émotions et des besoins de l’autre.
Les neurosciences, depuis une quinzaine d’années, expliquent le fonctionnement du cerveau et, en particulier, analysent les effets des différentes méthodes éducatives sur les capacités intellectuelles, cognitives et émotionnelles de l’enfant. Certaines capacités sont présentes dès la naissance (comme l’empathie) ; elles se développent de façon plus ou moins harmonieuse en fonction des interactions du bébé avec son environnement. On a repéré les effets du stress sur le cerveau : problèmes d’apprentissage et de mémorisation, déficit d’attention et altération de la confiance en soi.