Le sujet de la fin possible ou probable de l’habitabilité de la planète n’est pas anodin, c’est le moins que l’on puisse dire. Bien au-delà des milieux écolos, il est devenu très populaire, souvent derrière la bannière spectaculaire et vague de « l’effondrement ». Il se déploie sous les formes et les registres les plus divers : des rapports scientifiques les plus sérieux aux fictions de fin du monde façon hollywoodienne, en passant par d’innombrables livres, revues, blogs, podcasts, spectacles, conférences, etc. En France, il est porté surtout par le courant de la « collapsologie » avec Pablo Servigne en figure de proue.
Nous avons voulu consacrer un dossier, non pas aux effondrements en cours et à venir, mais aux discours qui les annoncent. Ils sont devenus si envahissants, si plurivoques, si anxiogènes parfois, qu’ils pourraient finir par nous asphyxier. Pourtant, ils ont aussi de grands mérites, dont celui de nous réinscrire dans le scandale de ce que le système néo-libéral et productiviste fait au monde.
Nous proposons donc, après un article introductif, trois regards pour aider à trouver la bonne distance par rapport aux thèses effondristes. D’abord, une critique ciblée sur un point central : la confusion générée par ces théories. Ensuite, leur mise en perspective dans l’histoire de la pensée écologiste et dans leur potentiel d’aiguillon démocratique. Enfin, l’examen des effets concrets que les discours de l’effondrement ont produits jusqu’ici. Ces trois approches, chacune depuis un point de vue différent, acheminent vers une même prise de recul : ces discours ne portent en eux nul déterminisme, ils ne doivent pas être l’alpha et l’oméga de nos réflexions, il faut les dépasser pour rouvrir le futur.
Danièle Garet
Ré-ouvrir le futur
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