Une cité aux mains fertiles : quand les habitants transforment leur quartier, de Béatrice Barras

Le quartier de Fontbarlettes, à Valence (Drôme) est un grand ensemble mal conçu comme beaucoup d’autres. Il se paupérise peu à peu. Les trafics en tout genre se mettent en place, provoqués par une partie de la population. La peur s’installe. C’est là qu’Ardelaine, coopérative qui a relancé la filière laine, ouvre un atelier de couture en 1986. Les deux salariées vivent sur place et constatent l’impuissance des programmes successifs de la politique de la ville. Ardelaine réfléchit et propose de ne plus faire « pour » les gens, mais « avec » les gens. Cela commence par l’aménagement d’une cour d’immeuble à l’abandon pour la transformer en terrain de jeux pour les enfants. Mais ce sont les enfants qui vont le construire. À partir de là, plus personne ne dégrade les lieux. L’idée suivante est de faire des jardins en supprimant des parkings trop vastes où des jeunes font des rodéos. Il faut des années pour convaincre la mairie, mais celle-ci accepte finalement. Le succès est immédiat et les écoles commencent à venir suivre des ateliers de jardinage. Au fil des ans, les jardins vont s’agrandir et la mairie va en devenir un fervent soutien quand elle constate que des familles du centre-ville demandent à avoir des parcelles dans le jardin. Aujourd’hui, le quartier a bien meilleure réputation. L’atelier d’Ardelaine compte 7 salarié·es et les jardins occupent plusieurs milliers de m². Des ruches ont été installées, et les idées sont encore nombreuses. Un très bel exemple de ce que l’on peut obtenir quand on prend le temps de discuter en faisant du porte à porte et en associant les habitant·es aux décisions. La force du participatif. MB
Éd. Repas, 2019, 164 p., 17 €