Et comme il n’existait pas de méthode officielle pour évaluer ces effets, l’OCDE a validé une série de tests en 2012, qui auraient dû être autorisés par l’UE. De nouvelles lignes directrices ont même été adoptées par l’UE pour évaluer d’éventuels effets perturbateurs endocriniens. Tout est donc en place pour que cette mesure d’exclusion des pesticides perturbateurs endocriniens soit mise en œuvre dans les faits.
Mais un nouveau rapport (1) du réseau européen d’ONG Pesticide Action Network Europe (PAN Europe), dont Générations Futures est la branche française, montre que les responsables de l’UE ont approuvé l’utilisation de plus de 100 pesticides depuis 2011, leur accordant généralement des autorisations de 10 ans, sans tester leur impact sur le système hormonal de l’humain, malgré l’obligation réglementaire de le faire ! Ce rapport a examiné un échantillon de 33 pesticides approuvés par l’UE et a constaté que 31 ont obtenu une licence sans aucun test scientifique pour vérifier s’ils endommageaient le système endocrinien (hormonal) humain. La recherche de PAN Europe a révélé que 7 des 33 pesticides échantillonnés avaient par ailleurs déjà été identifiés comme perturbateurs endocriniens par la méthodologie du Joint Research Council (2) de l’UE en 2016. Pourtant, la Direction Générale SANTE (responsable du dossier pesticides pour la Commission européenne) a décidé d’approuver ces pesticides malgré les preuves qu’ils sont nocifs pour la santé humaine. Ce rapport de PAN Europe prouve donc que la Commission n’applique même pas correctement ses propres règles et lignes directrices lorsqu’elle décide si les pesticides doivent être approuvés dans l’UE. L’auteur du rapport, Hans Muilerman, constate amèrement que « l’UE est censée montrer la voie en interdisant les pesticides perturbateurs endocriniens, qui, nous le savons, provoquent des maladies mortelles. Pourtant, la Commission a constamment tenté d’affaiblir la réglementation de ces pesticides perturbateurs hormonaux. C’est une décision qui ne profite qu’à l’industrie, alors que ces pesticides nocifs continuent d’être pulvérisés sur les champs ouverts et finissent par devenir des résidus sur nos aliments ». Le constat est sans appel. Rien ne sert ici de voter de nouveaux textes réglementaires. Il faut juste que la nouvelle Commission européenne applique enfin les règles en vigueur pour tester systématiquement les éventuels effets perturbateurs endocriniens de tous les pesticides soumis à évaluation en Europe ! C’est possible Madame Von der Leyen ?
Pertrubateurs endocriniens : quand la loi sera-t-elle appliquée ?
L’Union européenne (UE) est la seule autorité dans le monde à interdire par principe les pesticides perturbateurs endocriniens pouvant impacter la santé humaine ou l’environnement. C’est une avancée due au combat des écologistes pour faire rentrer cette disposition dans le règlement sur la mise en marché des pesticides de 2009, qui est entré en vigueur en 2011.
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