Alors que chaque année, ce sont plus de 8 millions de tonnes de plastique qui finissent dans les océans, que chaque lavage de laine polaire issu d’un pseudo recyclage des bouteilles en plastique va rejeter plus de 700 000 microfibres dans les eaux de rinçage, le gouvernement prend son temps. L’ironie de l’histoire est surtout que non content de se hâter lentement, il ose communiquer sur son ambition écologique qui justifierait de tels délais.
Avec une sincérité déconcertante, cette ministre croit sans doute bien faire et s’estime utile à la cause écologique. Jamais nous n’avons connu un tel hiatus entre l’attitude de ces politicien·nes content·es de ne rien ou peu faire et l’urgence écologique qui exigerait non pas des délais toujours plus longs mais des décisions immédiates.
Des irresponsables en politique
Il existe une sorte de dissonance cognitive chez ce personnel politique-là. Au fond d’eux-mêmes, ils et elles doivent sans doute s’avouer qu’ils et elles ne sont pas à la hauteur de l’Histoire. Mais face à leur manque d’ambition et au regard des multiples freins sociaux existant, les politiques cherchent à présenter positivement ce qui n’est qu’une défaite en rase campagne. Interdire les plastiques à usage unique d’ici 20 ans ou les SUV à la même échéance revient surtout à mettre en évidence un élément essentiel : ces irresponsables ont l’intime conviction qu’en 2040, notre société sera sensiblement la même que celle d’aujourd’hui, multipliant les gaspillages et normalisant le surrégime consumériste.
Étonnant aveu autant qu’aveuglement crasse. Comment croire que les SUV pourront encore envahir nos villes et nos routes à l’heure de la fin du pétrole et du dérèglement climatique ? Comment accepter qu’en 2039, un industriel pourra continuer à mettre sur le marché un emballage jetable, issu de ressources pétrolières qui ne seront plus disponibles ?
Les choix opérés par ce gouvernement relèvent d’une cécité écologique manifeste ou d’un absolu cynisme. Pendant que ce dernier approuve le principe d’être ambitieux dans 20 ans, il autorise la relance partielle du site de Lubrizol à Rouen quelques semaines après une catastrophe chimique historique. Expéditif lorsqu’il s’agit de satisfaire les lobbies, il oublie de l’être lorsqu’il s’agit d’ambition écologique.