Début décembre, il a rendu public le chiffre d’affaire des 100 principales industries du secteur de l’armement au monde, à l’exception des chinoises, du fait de l’absence de données cohérentes pour permettre des comparaisons suffisamment fiables (1).
Cela ne vous étonnera guère, la production d’armes est en hausse : plus 4,6 % en 2018 par rapport à 2017, soit un montant évalué à 420 milliards de dollars (ou 379 milliards d’euros). Un secteur particulièrement rentable : depuis le début des années 2000, son chiffre d’affaires a quasiment doublé ! La domination des États-Unis est sans commune mesure : 59 %. Le fossé avec le second est important, puisque l’industrie d’armement russe, systématiquement présentée comme le « méchant », ne représente que 8,6 % du marché mondial. Suivie du Royaume-Uni estimé à 8,4 % et de la France en quatrième position avec un chiffre d’affaires armement de 5,5 % du total mondial.
Quel frein aux exportations ?
En examinant les données du Sipri, on s’aperçoit que le chiffre d’affaires des industries d’armement du Royaume-Uni et de l’Allemagne a baissé, respectivement de -4,8 % et de -3,8 % ; alors qu’en France, il est en augmentation de 2,4 %. Faut-il y voir un lien avec la faiblesse du débat français sur les exportations d’armes, alors qu’il a connu une forte actualité chez eux, contre l’utilisation des armes vendues par leurs pays dans le conflit au Yémen ?
Le député Sébastien Nadot, alors membre de la majorité, a tenté de mobiliser ses collègues sur l’usage des armes vendues par la France contraire à ses propres engagements internationaux, comme à toute éthique. Malgré le soutien de plusieurs associations, il s’est vite retrouvé marginalisé ! Pour faire diversion le gouvernement a accepté la mise en place par la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale d’une Mission d’information sur le contrôle des exportations d’armement qui va publier son rapport début 2020. Il est à craindre que les recommandations soient très formelles et ne mettent pas en place un véritable système de contrôle propre.
Car, outre la faiblesse de la mobilisation citoyenne, la place prise par les exportations d’armement en France ne s’explique-t-elle pas aussi par la dépendance de la France au pétrole et au gaz qu’elle importe massivement du Moyen-Orient ? C’est en tout cas une des hypothèses formulées dans le rapport « La France et Total en guerre au Yémen » que l’Observatoire des armements a publié en novembre 2019 (2).
(1) Cf. « Classement de l’industrie mondiale de l’armement », décembre 2019, http://www.obsarm.org/
(2) 48 pages. Disponible gratuitement par téléchargement sur www.obsarm.org/ ou contre un chèque de 10 euros, port compris envoyés à : Observatoire des armements, 187 montée de Choulans, 69005 Lyon.