Mais la force d’un corps constitué comme celui du lobby nucléaire est d’être soudé, solidaire, se renforçant dans l’épreuve. Mieux, ces brillant·es ingénieur·es mettent à distance quiconque oserait interroger les vérités du dieu nucléaire.
Il y aurait pourtant de quoi ! Un tremblement de terre secoue l’Ardèche à quelques encablures de deux centrales nucléaires. D’une magnitude de 5,4 sur l’échelle de Richter, cette forte secousse met une nouvelle fois en évidence l’inadéquation des protocoles de sécurité. Les centrales sont supposément conçues pour résister à une secousse dont l’épicentre ne devrait pas dépasser 5,2 sous la centrale. Comme de mauvaises coutumes, l’impréparation est criante. Mais l’influence du lobby est telle que cette énième preuve ne remet fondamentalement rien en cause. Quelques propos lénifiants d’un chargé de comm’ et tout le monde détourne pudiquement le regard. Jusqu’ici, tout va bien… Rien ne doit venir remettre en cause l’idylle atomique qu’entretiennent nos politicien·nes.
Pas même le rapport de Jean-Marie Folz, remis au PDG d’EDF sur la construction de l’EPR de Flamanville. De reports en surcoûts, ce réacteur atomique supposé être la vitrine rutilante démontrant l’excellence de la filière nucléaire hexagonale est simplement considéré par ce grand commis de l’État comme un « échec ». Un échec à plus de 12 milliards d’euros pour un devis initial de 3,3 milliards… Au pays des restrictions budgétaires, des lits d’hôpitaux qu’on supprime, des écoles qu’on ferme et de la chasse aux pauvres et aux chômeurs, ces errements budgétaires laissent songeurs…
« La technocratie atomique a réussi à s’exfiltrer du champ démocratique »
En matière nucléaire, point de rationalité économique et énergétique à rechercher. La technocratie atomique a sa propre logique et a réussi à s’exfiltrer du champ démocratique. Dès son origine avec le plan Messmer ou avec le choix de l’EPR sans l’aval des parlementaires (et encore moins des citoyen·nes), le lobby nucléaire a pris la mauvaise habitude de choisir à la place de ce bas peuple inapte à comprendre une complexité construite par et pour le lobby. Au mieux est-il appelé à éponger les dettes et éventuellement subir les conséquences d’une catastrophe annoncée. Le reste est affaire de spécialistes… Le jour de la catastrophe impossible, il y aura toujours un professeur Pellerin pour démontrer l’indémontrable et justifier l’injustifiable. C’est à cela qu’on peut simplement remarquer que la « vérité » nucléaire n’est qu’une vulgaire propagande, balivernes de bas étage pour politiciens corrompus.