La plupart du temps, pas après pas, c’est le bitume que nous foulons, le nez dans les gaz d’échappement des camions qui nous doublent sur la droite et klaxonnent à qui mieux mieux.
Un jour heureux, sous un soleil de plomb et dans une poussière ardente, une simple piste nous conduit au village isolé d’Halanpur. Jamais personne ne s’y est arrêté pour rappeler leurs droits à ses habitant·es. L’accueil est moins fleuri qu’ailleurs, les discours très vite orientés sur le sens de la lutte à mener.
« Les femmes se portent volontaires »
Ici vit une tribu indigène « Adivasi » (en hindi : « les premi·ères habitant·es »). Comme dans tant d’autres villages, les doléances portent sur le droit à la terre dont les habitant·es ont été évincé·es, les problèmes d’accès à l’eau et la déscolarisation. Beaucoup d’hommes boivent par désespoir, ce qui affecte l’équilibre de la communauté. Le dialogue s’installe. Très vite, Saraswati, une marcheuse et activiste indienne d’Ekta Parishad, prend la parole. Avec énergie, elle s’adresse aux femmes, les invitant à lutter pour leur communauté. D’autres cadres d’Ekta Parishad exposent l’intérêt d’agir pour la défense des droits, en se regroupant sur un modèle d’organisation non-violent. On assiste en direct à la formation d’un comité pour le village. Quelques jeunes femmes se bousculent et se portent volontaires. Pendant que les hommes quittent l’assemblée.
Dans un premier temps, cinq femmes sont choisies. Trois hommes finissent par se lever et accepter la responsabilité. S’ensuit une discussion nourrie portant préjudice aux jeunes femmes, qui selon les hommes, ne peuvent assumer cette charge car leur mariage les éloignera d’Halanpur. Les jeunes femmes cèdent leur place. Six femmes et une quinzaine d’hommes sont finalement désignés par acclamation et colliers de fleurs. Les cadres d’Ekta Parishad précisent le fonctionnement du comité et encouragent la population à se bouger.
Tout finit par un généreux repas : riz, dal, chapati, curry, légumes et douceurs. De table, il n’y a pas, de couvert non plus, on mange dans une grande assiette compartimentée en inox. Tout le monde s’assied à même le sol sur d’étroites nattes et devant ces files de mangeur·ses affamé·es par l’élection du comité, circulent les serveurs équipés de seaux et de louches. Ils passent et repassent jusqu’à plus faim. A la place des nattes, s’installent alors de fins matelas et la sieste s’improvise au même endroit. Finalement, c’est un coup de sifflet qui remet les gens debout. La marche reprend sous un soleil toujours chaud.
Michel et Véro
Silence est partenaire de Jai Jagat. une marche partira de Delhi et d’autres villes de toute l’Europe, dont Lyon.
Pour en savoir plus : https://jaijagat2020.eu