Ce témoignage est celui d’une ouvrière employée dans une usine textile, où les femmes représentent 80% de la main-d’œuvre. Il a été recueilli dans le cadre d’une enquête menée par ActionAid en 2019 à Dhaka au Bangladesh, au cours de laquelle 80 % des personnes rencontrées avaient déjà subi ou été témoins de harcèlement sexuel ou de violences au travail.
Un fléau mondial
Malheureusement, il ne s’agit pas d’une situation isolée. Le Bureau International du Travail estime en effet que, selon les pays, entre 35 % à 50 % des femmes auraient déjà subi des « avances », des contacts physiques non désirés ou d’autres formes de harcèlement sexuel au travail !
Et la France n’est pas épargnée. D’après une enquête de 2014, une femme sur 5 a déjà été victime de harcèlement sexuel au travail. Seules 5 % d’entre elles ont porté plainte et dans 40 % des cas, la résolution du problème s’est faite au détriment de la plaignante, avec des conséquences directes sur son emploi comme le non-renouvellement de son contrat.
Les enquêtes et mouvements de protestations qui se succèdent, dans le sillage du mouvement #MeToo, pointent notamment la responsabilité des multinationales en tant que donneuses d’ordre.
Sachant que 90 % des femmes travaillant dans la récolte ou l’ensachage du thé, par exemple, ont été victimes ou témoins de violences physiques ou sexuelles sur leur lieu de travail, les multinationales qu’elles fournissent doivent prendre des mesures !
Une avancée historique
Devant l’ampleur de la mobilisation et des grèves féministes, notamment en Amérique Latine, l’Organisation internationale du travail (OIT) s’est enfin saisie du problème.
Le 21 juin 2019, les représentant·es des gouvernements, des entreprises et des travailleu·ses qui composent l’OIT ont adopté une Convention contre la violence et le harcèlement au travail.
Cette nouvelle norme internationale dénonce les violences fondées sur le genre « à l’occasion, en lien avec, ou du fait du travail ». C’est une avancée historique. Il s’agit maintenant d’obtenir sa ratification et son application par les 187 Etats membres de l’OIT… dont la France.
En Afrique du Sud, plus de 70 organisations de la société civile ont bloqué le quartier d’affaires de Johannesburg, le 13 septembre 2019, pour interpeller les entreprises du pays sur le « climat généralisé de tolérance à l’égard du harcèlement sexuel » en leur sein.
Dans le prolongement de la Quinzaine contre les violences faites aux femmes, du 25 novembre au 8 décembre, nous lançons une campagne d’actions pour rappeler aux grandes marques du jouet leurs responsabilités vis-à-vis des milliers de femmes qui travaillent dans leurs usines.
Alice Bordaçarre
ActionAid France, 47 avenue Pasteur, 93100 Montreuil, www.actionaid.fr