40 000 ! Ils et elles étaient 40 000 jeunes et étudiant·es venu·es de 16 pays à manifester à Aix-la Chapelle-contre l’exploitation du charbon en Allemagne le 21 juin dernier ! Cette manifestation, organisée par le mouvement Fridays for Future, n’était d’ailleurs que l’un des volets d’un plus large mouvement de contestation du charbon ce week-end-là. En effet, une autre organisation, Ende Gelände, organisait le même week-end l’occupation et le blocage d’une mine de lignite à ciel ouvert à Garzweiler, près de Düsseldorf. Ces manifestations spectaculaires sont le signe que la jeunesse se révolte – à raison ! – contre la catastrophe d’un réchauffement climatique qui s’annonce terrible… si rien n’est fait.
Ces mouvements signent une réaction forte contre la plus décriée des énergies fossiles au regard du dérèglement climatique. La jeunesse ne se résigne pas et exige une sortie du charbon, dont on sait au moins depuis 1912 que la combustion contribue au réchauffement de l’atmosphère (1). Mais malgré cette alerte ancienne, la production de charbon n’a cessé de croître depuis cette époque, notamment pour produire de l’électricité. Le charbon représente aujourd’hui toujours plus d’un quart de l’énergie consommée dans le monde.
Le climat et nos poumons, même combat !
Si le charbon joue un rôle catastrophique dans l’emballement du réchauffement planétaire, une nouvelle étude (2) nous montre que son utilisation joue également un rôle très important dans l’apparition de cancers du poumon. En effet, cette étude, publiée le 28 janvier 2019 dans la revue scientifique Environmental Health, montre que plus un pays utilise des centrales thermiques au charbon pour produire son électricité, plus le risque de cancer du poumon est important pour sa population ! Les chercheu·ses ont étudié les données de plus de 13 500 centrales électriques au charbon situées dans 83 pays pendant plus de 15 années. Ils et elles ont ensuite évalué l’évolution pendant cette période de la « capacité de charbon par personne », calculée comme la capacité de production annuelle des centrales au charbon d’un pays divisée par le nombre d’habitant·es de ce pays. Les chercheu·ses ont alors constaté qu’une augmentation de 1 kilowatt de cette « capacité de charbon par personne » augmentait le risque relatif de cancer du poumon de 59 % chez les hommes et de 85 % chez les femmes !
Cette recherche confirme les données avancées par des ONG européennes (3) selon lesquelles plus de 22 000 décès prématurés seraient dus, chaque année, à des centrales électriques à charbon. Elle montre la pertinence d’une action climatique déterminée à sortir du charbon au plus vite, pour protéger le climat de demain… et notre santé dès aujourd’hui !
François Veillerette
Générations Futures
(1) Voir l’article « Dès 1912, le rôle du charbon dans le réchauffement climatique était connu » sur www.novethic.fr, 17 août 2018.
(2) « A global perspective on coal-fired power plants and burden of lung cancer », Cheng-Kuan Lin, Ro-Ting Lin, Tom Chen, Corwin Zigler, Yaguang Wei and David C. Christiani, Environmental Health.
(3) « Europe’s Dark Cloud », WWF European Policy Office, Sandbag, CAN Europe and HEAL in Brussels, Belgium, 2016.
Allemagne
Blocage de mines de charbon
Du 19 au 24 juin 2019, 6000 activistes dont 500 Français·es, Belges et Suisses ont bloqué les infrastructures de la plus grande source de CO2 en Europe. Deux groupes sont entrés dans la mine de Garzweiler et ont bloqué totalement l´extraction du charbon. Deux autres groupes ont bloqué des voies d’acheminement stratégiques du charbon et arrêté ainsi l´approvisionnement de deux centrales : Neurath pendant 8h et Niederaussem pendant 40h. Ces actions intervenaient dans un contexte où le gouvernement allemand a décidé, en janvier, de reporter la sortie du charbon à 2038. Organisées par le collectif Ende Gelände, elles étaient relayées en France par le collectif RadiAction, créé en mars 2019. Contact pour les internautes : radimedia@riseup.net.