À Meaux, l’usine de géothermie de la ville, située dans la rue Pierre-Brasseur, dans le quartier de Beauval, permet de chauffer près de 17 500 logements.
À l’intérieur des bâtiments en forme de bulles, c’est un dédale de tuyaux bruyants dans lequel circule de l’eau puisée dans les entrailles de la Terre. Car, sous nos pieds, à une profondeur entre 1,5 à 2 kilomètres, se trouve une source [quasi] inépuisable d’énergie. Une roche sédimentaire — un mélange de sable et de calcaire — gorgée naturellement d’eau chaude. Un peu comme une grosse éponge. Cette nappe du Dogger s’étend sous tout le bassin parisien, avec des températures variant entre 52 et 84 °C. Ici à Meaux, l’eau est pompée par onze puits à une température de 76 °C. La chaleur est ensuite récupérée pour alimenter en chauffage et en eau chaude les habitant·es via un réseau de 32 kilomètres de tuyaux qui serpentent dans le sol. Cette eau revient ensuite plus froide à l’usine — 45 °C — avant d’être réinjectée dans les profondeurs de la Terre, où elle se réchauffera naturellement. Un cycle vertueux et très peu polluant : l’émission de 18 500 tonnes de CO2 est évitée chaque année, soit l’équivalent des émissions de 15 417 véhicules. De plus, cette énergie n’est soumise à aucune fluctuation de la météo, contrairement à l’énergie solaire ou éolienne.
Demain dans toute l’Île-de-France ?
Onze personnes travaillent dans cette usine. Derrière les bulles, un bâtiment rectangulaire, beaucoup plus classique, abrite la turbine d’avion utilisée pour faire ce qu’on appelle de la cogénération. Car, en hiver, la géothermie n’est pas suffisante pour chauffer les habitant·es. Une turbine d’avion, propulsée par du gaz, vient alors prendre le relais. « Elle est enfermée dans un sas totalement étanche pour éviter la poussière, car le moteur est très sensible », poursuit Didier Pineau. Ce générateur, plus récent, est utilisé environ cinq mois par an. Au total, l’usine a une puissance de 150 Mégawatts de puissance thermique et permet d’alimenter les quartiers de Beauval, de l’hôpital et de Collinet.
La nappe du Dogger, dans lequel puise l’usine de Meaux, est exploitée depuis les années 1970, avec un pic en 1980. Mais la progression a été stoppée par la chute du prix des énergies fossiles. Depuis quelques années, la géothermie revient à la mode, poussée par les aides de l’État. « La géothermie est une source quasi inépuisable d’énergie et pourrait chauffer beaucoup d’appartements. Mais, avant cela, il faut adapter les bâtiments pour qu’ils soient en basse consommation et bien isolés », explique Didier Pineau. L’objectif officiel est de chauffer deux millions de personnes dans toute l’Île-de-France d’ici 2020.
Diedia, Sadio, Aminata, Seta, Alicia et Shaima, et Laury-Anne Cholez
Cet article a été écrit dans le cadre d’un atelier média organisé par Reporterre.