Chronique Environnement Pesticides

Nous voulons des Coquelicots : quelle est la recette d’une dynamique réussie ?

Daniel Valentin

La vallée de la Moselotte suit la rivière du même nom entre la Bresse et Remiremont. Entre novembre 2018 et mai 2019, le collectif local du mouvement Nous voulons des coquelicots, qui demande l’interdiction de tous les pesticides de synthèse et appelle à des rassemblements tous les premiers vendredis du mois, a réalisé sept rassemblements dans un village différent à chaque fois. En cinq mois, le collectif a collecté 3 900 soutiens. Daniel Valentin, membre actif du collectif Nous voulons des coquelicots de la Moselotte, nous explique quelle a été la stratégie choisie pour faire avancer la dynamique locale. 

"Avant le rassemblement, nous recherchons dans la commune une association, structure et/ou élu·e sensible à la problématique des pesticides. Puis des membres loca·les du collectif déposent des feuilles de soutien dans les commerces locaux : c’est ce qui nous amène le plus de signatures (environ 550 à La Bresse en une semaine). Nous sommes présent·es lors du marché local ou devant un supermarché pour informer et récolter des soutiens, nous passons l’information à la radio locale. On envoie également des courriers à la mairie pour demander l’autorisation à nous rassembler sur la place du village et pour l’obtention d’une salle qui nous permettra partager avec les participant·es sous la forme d’une auberge espagnole à l’issue du rassemblement. Et surtout pour que le conseil municipal vote une motion de soutien au mouvement des coquelicots. Il ou elle est également invité·e à débattre de la mise en place de projets visant à favoriser le développement de l’agriculture biologique pour le bien de tou·tes et notamment des enfants par l’intermédiaire de cantines bios.
Lors du rassemblement à 18 h 30, nous organisons des prises de parole diverses dont celle de l’association locale alliée, du ou de la maire, de membres du collectif, avec notamment la lecture de l’Appel des coquelicots. Nous faisons aussi le point sur les soutiens, sur les futurs rassemblements, sur l’actualité relative aux pesticides, mais aussi environnementale et climatique. Il y a eu par exemple la relecture par Clara, une enfant de 12 ans, du message de la jeune Suédoise Greta Thunberg à la conférence de Katowice. Cela est suivi d’un moment festif dans la salle communale. Il y a entre 50 et 90 personnes à chaque fois, principalement des têtes grises et peu de jeunes et de parents d’élèves malgré l’information à la sortie des écoles et dans les collèges (cela nous interpelle). Déjà quatre conseils communaux ont signé des motions de soutien. Le rassemblement du 3 mai qui avait lieu à La Bresse s’est déroulé en présence de 70 personnes, dont des adhérent·es de l’association locale des jardinier·es, qui a fait le lien entre les habitant·es, la mairie et le collectif. Le maire de la commune a pris la parole. Le président de la Ligue départementale contre le cancer a annoncé leur adhésion au mouvement des coquelicots. 
Notre collectif se fait également connaître par la participation à d’autres manifestations, telles que l’exposition Les sentiers de la photo, jusqu’au 30 novembre au village du Haut-du-Tôt, qui a pour thème en 2019 « Le chant des coquelicots et autres contes du vivant », et qui avait attiré 60 000 visiteu·ses l’an passé
". 
Une stratégie qui semble porter des fruits. Et vous, comment faites-vous 

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