Depuis des décennies, Monsanto défraye la chronique, de l’agent Orange épandu au Viêt Nam aux OGM en passant par le fameux glyphosate, herbicide largement utilisé par les petits soldats de l’agrochimie.
Au terme d’un combat homérique, l’autorisation de mise sur le marché a été renouvelée pour 5 ans au niveau européen et la France a annoncé son « interdiction » sous trois ans. Sous l’influence de cette multinationale de la chimie, la France a renoncé à inscrire dans la loi cette interdiction et repousse, jours après jour la date de cette fameuse « interdiction ». Pire, le président de la République a estimé qu’une interdiction complète n’était même plus envisageable.
En pleine nuit, à quelques quatre heures du matin, une poignée de député·es a définitivement rejeté le principe d’une interdiction française du glyphosate ; même en accordant encore et encore des délais ; même en conditionnant cette éventuelle interdiction d’exemptions possibles. Inutile d’écrire que ces parlementaires n’ont pas agi en fondant leur vote sur des convictions. Certains d’entre eux ne participaient même pas aux débats et ont surgi, à peine éveillés quelques minutes avant le vote, pour s’opposer à l’inscription, dans la loi, de l’interdiction du glyphosate.
Qui peut croire que Monsanto ne cherche pas, légalement et sans doute à l’aide d’actions moins avouables, à influencer la vie démocratique de notre pays ? En définitive, personne n’est au fond étonné qu’un groupe tel que celui-là surveille ses opposant·es et stocke méticuleusement des données personnelles, et ce en toute illégalité !
Démanteler les lobbies
Le simple fait que nous ayons intériorisé ce flicage privé en dit long sur l’état de notre société orwellienne. Nous avons docilement accepté qu’une multinationale puisse, au vu et au su de tou·tes, collecter des informations confidentielles afin de transformer un mensonge en vérité. Un produit cancérigène, le glyphosate, est ainsi présenté par un sénateur comme moins cancérigène que de la charcuterie, reprenant quasiment mot pour mot le prêchi-prêcha d’agences de comm’ grassement financées par ceux-là même qui enquêtent aussi sur les acteurs de la société civile.
La société médiatique, friande de polémique sans lendemain, a tôt fait d’oublier ce scandale. Il est pourtant suffisamment important pour qu’on ne renonce pas à faire interdire de telles pratiques. Surveiller des militant·es, des agences d’évaluation, des journalistes ou des responsables politiques ne peut être toléré. Les révélations du Monde et de France 2 doivent conduire les autorités judiciaires à prononcer des peines exemplaires : ces cabinets de lobbying qui fleurissent à tous les coins de rue et parfois même à l’intérieur des parlements doivent être démantelés et les responsables condamnés. Sans ce geste fort, nous continuerons à vivre dans une démocratie hypocrite qui laisse les puissants défendre leur intérêt contre le bien commun.