En 2009, la mairie de La Bouëxière a acheté un hongre de 9 ans. Les élu·es cherchaient à ce moment-là des solutions écologiques à mettre en place dans les espaces verts. Ils et elles ont alors arrêté l’épandage de produits phytosanitaires et, pour remplacer le tracteur, un habitant a conseillé de s’orienter vers le cheval breton. Une solution garantie à très basses émissions de gaz à effet de serre ! « Ce n’est que s’il est nourri avec de l’alimentation industrielle, autre que le foin et l’herbe, qu’il a un effet sur le climat », explique Hélène Morel, du réseau armoricain du cheval utilitaire Faire à cheval.
Cette unique salariée de l’association bretonne Faire à cheval promeut, depuis sa création en 2012, l’utilisation du cheval territorial pour des missions de service public.
Depuis les années 1960, le cheval de trait breton décline. « Notre idée, c’est de faire sortir le cheval de l’écurie et de l’amener en ville », dit Hélène Morel. Arrosage des fleurs, transport scolaire, désherbage, collecte des déchets, labeur en agriculture biologique… L’animal redevient petit à petit utilisé pour des missions variées.
La professionnelle a fait les comptes : dans la région, 14 collectivités, dont La Bouëxière, se servent de chevaux toute l’année. La région Bretagne fournit une aide à hauteur de 40 % la première année pour le projet d’étude et les investissements, comme l’achat du cheval et du matériel. Depuis 2013, elle lance aussi un appel à projets tous les ans destiné aux collectivités. « Ce type de projets est compliqué à mettre en place et difficile à maintenir dans la durée », explique Hélène Morel. Il suffit d’une fusion de communes ou d’un changement de l’équipe municipale pour que tout s’arrête. À l’achat, un cheval de trait breton coûte 5 000 € minimum sans l’avant-train hippomobile ni les outils pour le faire travailler.
À La Bouëxière, les deux agents communaux en poste depuis plus de 15 ans, Cyril Jouault et Lionel Bouvet, ont été initiés à la conduite équine lors d’une formation. En plus des employés municipaux, l’adjoint Gérard Bécel a impliqué la population. Dès 2009, il a cherché des bénévoles. Une équipe d’une douzaine de personnes s’est ainsi constituée au fil des ans pour mener le cheval lors de l’arrosage des fleurs.
En plus de cette activité, Oscar et Vézec’h, le deuxième cheval de trait acheté à l’automne dernier, travaillent avec un « rabot », une invention créée pour stabiliser le terrain de football et le vélodrome. Autre nouveauté : un désherbeur mécanique à traction, acheté en mars. Encore à l’essai, il va être utilisé dans les allées sablées, par les deux agents communaux ainsi que par les jeunes de l’institut médico-éducatif (IME) et des adultes en chantier d’insertion. La mairie a déjà d’autres projets en tête comme celui d’un ramassage scolaire exclusivement à cheval.
Manon Deniau
Article initialement publié sur Reporterre