Ce 18 mai 2019, les forces de police mobilisées étaient déjà présentes le matin avec des contrôles routiers renforcés aux entrées de Peyrohorade pour fouiller les voitures et confisquer tout matériel militant. Passé ce premier barrage, la marche s’est déroulée sous la pluie mais dans le calme, avec un départ depuis le centre-ville et deux pauses devant les supermarchés accusés de favoriser la surexploitation de nos sols et l’industrialisation de l’agriculture. La manifestation a pris fin sur la voie d’accès au site de Monsanto, défendue par des forces de l’ordre nombreuses, avec de nouvelles prises de parole sur le scandale écologique et démocratique que représentent des entreprises telles que Monsanto-Bayer, sur le nécessaire soutien aux paysans qui refusent de collaborer avec ce système agro-industriel et aux écologistes dont l’action n’a jamais été aussi nécessaire ni autant réprimée. Les vieux bidons de Roundup ont été déposés devant les grilles et laissés au bon soin de l’entreprise. Enfin, une vingtaine de courageu·ses manifestant·es ont accepté de s’allonger pour participer à un die-in rapide sous une pluie battante, pour la photo finale. Une manifestation largement appuyée par des Gilets jaunes très présent·es et conscient·es des enjeux : ce sont principalement les plus pauvres qui payent la facture écologique.
Les marches contre Monsanto s’attaquent à un géant de l’agro-industrie qui pèse des milliards de dollars et qui dispose d’appuis politiques incroyablement solides. Alors que penser de ces 200 manifestant·es sous la pluie à Peyrehorade ? Certes le programme n’était pas très pénalisant pour l’industriel : le site Monsanto était fermé, et les courts rassemblements devant les supermarchés n’ont pas été particulièrement contraignants. Certes la couverture médiatique aura été faible. Mais l’urgence écologique ne laisse pas beaucoup de choix à ces manifestant·es pacifistes. Ils et elles se battent avec leurs moyens contre tout un système qui a tourné le dos à la nature, à la santé, et même à la démocratie. Ces marches sont la première étape vers un changement de paradigme social et économique que nous sommes de plus en plus nombreu·ses à vouloir imposer : une société réellement démocratique, une transition écologique enfin efficace, un partage des richesses et un contrôle citoyen des entreprises dangereuses telle que Monsanto.
Laurent Thieulle, ingénieur écologue, membre du collectif « les enragés de l’écologie ».