Dans le monde, en effet, entre 2000 et 2018 il a été installé 35 GW de nucléaire et 497 GW d’éoliennes. En 1996 le nucléaire représentait 17,6% de l’électricité mondiale, en 2017 ce n’est plus que 10,39 %. En 2017 le nucléaire est une des énergies les plus chères, et son prix augmente toujours alors que pour les énergies renouvelables déjà moins chères, les prix sont à la baisse.
Le réchauffement impacte le nucléaire
Été 2003 : la canicule touche 1/4 du parc nucléaire français : les réacteurs nucléaires ont besoin d’être refroidis en permanence avec de grandes quantités l’eau. La canicule de 2003, qui voit le débit des cours d’eau baisser et leur température augmenter, oblige EDF à arrêter ou à faire fonctionner à puissance réduite 17 réacteurs nucléaires (sur 58 en France), et à importer massivement de l’électricité à prix d’or.
Été 2018 : le plus chaud depuis 2003, une dizaine de réacteurs ont vu leur puissance réduite pour les mêmes raisons. Ces fortes chaleurs risquent de se généraliser. Le nucléaire, en été, fait peser une pression supplémentaire sur les cours d’eau et supporte très mal lui-même la chaleur qui pose des problèmes de refroidissement. Lorsque les fleuves ont des débits plus faibles les rejets radioactifs et chimiques se diluent moins et la masse d’eau plus faible se réchauffe encore plus, mettant en danger la faune et la flore.
La soif du nucléaire au détriment d’une ressource naturelle
Sans eau, le nucléaire ne peut pas fonctionner. Parce qu’une centrale nucléaire consomme de l’eau (elle ne rejette pas autant qu’elle prélève) pour le refroidissement, parce qu’elle utilise le principe de la dilution pour « noyer » la pollution de ses rejets (tritium, hydrocarbures etc.), tous les jours les centrales nucléaires utilisent et altèrent la qualité et la quantité de cette ressource naturelle commune et essentielle à la vie.
Dans Bugey, à l’est de Lyon, par exemple, il y a 4 réacteurs de 900 mégawatts (MW) électrique, mais ces réacteurs produisent 2700 MW thermique chacun. Ainsi quand un réacteur envoie sur le réseau 900 MWh (millions de watts heure) , dans le même temps il envoie dans le Rhône, ou dans l’atmosphère, selon le réacteur considéré, 1800 MWh, soit deux fois plus que sur le réseau électrique.
Le nucléaire n’est pas une énergie durable
Selon le rapport Wise (1) de 2000, qui est toujours valable en 2018, le nucléaire n’est pas une source d’énergie durable pour les raisons suivantes :
• Les investissements dans les projets nucléaires absorbent des financements qui font cruellement défaut aux programmes d’efficacité énergétique
• Les programmes nucléaires ont un ensemble d’effets systémiques négatifs : besoin de personnel hautement qualifié, blocage de l’innovation dans les domaines de l’approvisionnement et de la demande, blocage du développement des petites unités de production performantes ;
• Les pays ayant recours au nucléaire figurent parmi les plus grands émetteurs de CO2. au monde parce que les centrales de grande taille ont tendance à conduire à des surcapacités structurelles à long terme et à stimuler la consommation d’électricité au lieu de favoriser son utilisation rationnelle ;
• Le nucléaire ne produit que de l’électricité, alors qu’une partie importante des besoins énergétiques des sociétés modernes concerne la chaleur ;
• Le nucléaire demeure une source d’énergie dangereuse, particulièrement difficile à exploiter. Le problème des déchets n’est pas encore résolu, et la prolifération militaire constitue une menace importante au niveau mondial.
Une énergie coûteuse et peu rentable
Le nucléaire génère aussi des gaz à effet de serre qu’il faut prendre en compte dans les comparaisons : extraction du combustible dans d’immenses mines où l’on consomme du charbon (2), du pétrole, transport et traitement des minerais, construction des réacteurs (terrassement, cuves, confinement…), transport des déchets et fabrication des usines de retraitement…). En totalité, le kWh d’électricité nucléaire émet environ 90 g de CO2. En France le secteur nucléaire consomme 25 TWh (un million de MWh) soit la production de 4,5 réacteurs de 900 MW. Dans la plupart des installations de cogénération où l’on produit à la fois de la chaleur et de l’électricité, la plupart de la chaleur perdue est récupérée et utilisée pour les usages industriels ou le chauffage urbain. Le rendement oscille entre 75 et 90 %, alors que le rendement nucléaire ne dépasse pas 33%.
À la vue des coûts actuels et projetés, le nucléaire ne paraît pas constituer l’option la moins chère. En 2005, l’EPR devait coûter 3,3 milliards d’euros et fin 2018 le coût estimé avec 8 ans de retard est de 11 milliards d’euros. Il est d’ailleurs manifeste que les données sur les coûts habituellement fournies par les opérateurs sont considérablement sous-estimées et omettent souvent de prendre correctement en compte le démantèlement, l’évacuation des déchets qui devront être surveillés pendant des millions d’années.
La France accumule d’énormes quantités de déchets radioactifs, y compris ceux correspondant aux exportations d’électricité, et est exposée quotidiennement au risque d’une catastrophe nucléaire. Reste à savoir combien de temps le système peut durer, car il se révèle en fait extrêmement fragile. En novembre 2016 il y a eu jusqu’à 26 réacteurs arrêtés dont certains pour maintenance, mais aussi 18 du fait d’un doute sur la qualité de l’acier des cuves et des générateurs de vapeur.
Rhône-Alpes Sans Nucléaire
(1) Word information service on energy, http://www/wise-paris.org
(2) Mine d’uranium d’Arlit au Niger : pour alimenter les mines d’uranium il y a une centrale qui consomme 160 000 tonnes de charbon chaque l’année.