L’étymologie de ce terme, qui signifie littéralement « qui tuent la vie », n’est guère sympathique, vous en conviendrez aisément. Mais le grand public ne sait généralement pas quels sont tous les produits que contient cette classe de chimiques. Ils sont définis par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) comme « des substances ou des préparations destinées à détruire, repousser ou rendre inoffensifs les organismes nuisibles (champignons, bactéries, virus, rongeurs, insectes…), à en prévenir l’action ou à les combattre, par une action chimique ou biologique ».
Ces substances peuvent avoir bien des usages. La législation discerne en effet 22 types de produits différents répartis en 4 groupes :
les désinfectants (hygiène humaine ou animale, désinfection des surfaces, désinfection de l’eau potable…),
les produits de protection (produits de protection du bois, des matériaux de construction…),
les produits de lutte contre les nuisibles (rodenticides, insecticides, répulsifs…),
les autres produits biocides (fluides utilisés pour l’embaumement, produits antisalissures)
Les biocides « tuent la vie ». Et nous ?
Beaucoup de ces substances sont utilisées par le grand public comme les insecticides ménagers, les rodenticides (pour lutter contre les rongeurs) ou encore les produits d’hygiène humaine. Mais cela ne signifie pas qu’ils soient sans danger ! Ainsi la permethrine, soupçonnée d’être un perturbateur endocrinien, est encore utilisée dans de très nombreux insecticides ménagers mais n’est plus utilisée en agriculture ! De même, la triethanolamine, présente dans des désinfectants pour les mains courants est également soupçonnée d’être un perturbateur endocrinien.
Le règlement européen gérant les biocides date de 2012 seulement, ce qui peut expliquer pour partie le fait que beaucoup de substances dangereuses persistent encore sur le marché dans cette catégorie. La mise en œuvre de ce règlement est en effet très lente !
Le gouvernement français a émis un temps le souhait d’agir plus vite, notamment en retirant certaines de ces substances de la vente en libre-service pour les particuliers, par nature non formés à la dangerosité de ces biocides. Malheureusement, il nous annonce maintenant attendre une évaluation du risque de l’Agence de sécurité sanitaire (l’ANSES) pour savoir quelles substances retirer de la vente en libre-service. Cette position est regrettable car cela va retarder l’action publique de plusieurs mois. Surtout, cette approche tourne le dos à une prise en compte de la dangerosité intrinsèque des substances, beaucoup plus protectrice de la santé et de l’environnement. Il faut donc que le gouvernement réagisse et prenne enfin des décisions ambitieuses sur les biocides !
François Veillerette
www.generations-futures.fr