Pourquoi avez-vous créé des collectifs de solidarité avec Pinar Selek ?
Militante, sociologue et écrivaine de Turquie, Pinar Selek vit en exil en France depuis 2012. En 2018, l’État français lui a accordé la nationalité française. Depuis 1998, elle est soumise à un harcèlement judiciaire sans fin, après avoir été emprisonnée, torturée et accusée de terrorisme.
En réalité, ce sont ses recherches sur le mouvement kurde et ses activités antimilitaristes, féministes et avec les marginalisé·es qu’a voulu sanctionner le gouvernement turc.
Cour d’assises, Cour pénale, Cour de cassation, la procédure qui dure depuis 20 ans est si complexe qu’elle fait tourner la tête. Pinar Selek a été acquittée à quatre reprises, mais le procureur a fait appel et continue à demander la condamnation à perpétuité. Le verdict peut tomber d’un jour à l’autre. Sa famille restée en Turquie est menacée elle aussi par ce procès. Pinar Selek est le symbole d’une Turquie résistante malgré la répression, qui doit pouvoir continuer à penser, à créer, à s’organiser, à lutter.
Les autorités turques cherchent à l’épuiser et à l’isoler mais les collectifs existants se mobilisent, de nouveaux collectifs de solidarité avec Pinar Selek se créent... Actuellement il en existe quinze basés dans les villes suivantes : Bayonne, Bordeaux, Brest, Forcalquier, Genève, Grenoble, Lyon, Marseille, Montpellier, Nice, Paris, Pau, Strasbourg, Toulouse et dans la Vallée de la Roya.
Quelles sont vos actions ?
Notre première mission est d’organiser l’information et la solidarité par rapport à sa situation juridique. Nous avons notamment envoyé, lors de ses derniers procès en Turquie, des observateurs et des observatrices.
Nous organisons des lectures de ses textes dans les librairies, des conférences avec elle, des actions devant les consulats de Turquie, faisons signer des pétitions pour faire connaître sa situation et élargir le soutien.
En 2019, une action « librairies solidaires » va mettre en avant dans les librairies ses essais, ses romans et ses contes.
Il s’agit également de faire connaître ses travaux et ses recherches sur le service militaire, le génocide arménien, le féminisme, les résistances.
Que signifie cette solidarité avec Pinar Selek pour vous ?
Il s’agit de poursuivre ici, avec Pinar Selek, ses engagements contre le nationalisme, le capitalisme, l’hétérosexisme, les destructions écologiques, etc.
Les analyses de Pinar Selek nous nourrissent. Son insistance sur le lien existant entre toutes les formes de domination nous amène à ne pas créer de hiérarchie entre les luttes mais à les relier sans cesse. Nous ne pouvons pas être écolos sans être féministes, être anticapitalistes sans nous interroger sur notre propre violence, etc.
Pour en savoir plus : Collectifs de solidarité avec Pinar Selek, c/o Terre des Livres, 86 rue de Marseille, 69007 Lyon, https://pinarselek.fr