Après la démission de Nicolas Hulot et une rentrée gouvernementale tonitruante, le PDG du Conseil d’administration de la Start-up nation, Emmanuel Macron, a décidé au mois d’octobre 2018 de changer le casting en nommant de nouveaux ministres.
En cherchant à identifier les invariants de ce gouvernement, une chose demeure et s’amplifie : le poids des lobbies. Emmanuelle Wargon, nouvelle secrétaire d’Etat en charge de l’Écologie, est ainsi venue rejoindre une seconde secrétaire d’État, Brune Poirson. L’une est issue de Véolia, multinationale qui transforme un bien commun, l’eau, en monnaie sonnante et trébuchante. L’autre était responsable des affaires institutionnelles du groupe Danone, qui vend entre autres, de l’eau en plastique à prix d’or. En macronie, pour accéder à des fonctions ministérielles et œuvrer à la protection de l’environnement, mieux avoir navigué… en eau trouble !
Chaises tournantes
Ces deux ministres feront donc partie d’un gouvernement dirigé par l’ancien responsable des affaires institutionnelles d’Areva, Édouard Philippe. Dans les faits, l’intérêt général que tout gouvernement se devrait de poursuivre comme objectif ultime est désormais la somme d’intérêts privés. Nous assistons, médusé·es, à une nouvelle forme de pantouflage mais en sens inverse. Haut·es fonctionnaires et ancien·nes responsables politiques finissaient leur carrière dans une multinationale en valorisant leur carnet d’adresses et jouant de leur entregent pour arrondir leur fin de mois. Nous constatons désormais qu’un mercato politico-économique permet à des mercenaires sans complexes d’être tour à tour ministre puis lobbyiste et réciproquement.
Les lobbyistes au pouvoir
Comment croire que la valse des casquettes n’ait aucune incidence sur le bon fonctionnement de l’État ? Être successivement en charge de l’influence d’un grand groupe de l’agro-alimentaire puis en charge de la gestion de la chose publique induit un conflit d’intérêts que le macronisme a banalisé. Il devient normal que des lobbyistes, dont le métier est de manipuler l’opinion en général et les responsables politiques en particulier, passent de l’autre côté du miroir sans que personne ne s’en offusque plus d’une demi-journée. Cette république bananière entretient l’idée selon laquelle la « société civile » (comprenez les petits soldats du libéralisme grassement payés par des multinationales s’achetant une virginité écologique à grands coups de publicités plus verte que verte et de rapports RSE (1) ) pourrait du jour au lendemain revêtir les habits du désintéressement, de l’éthique républicaine et de l’engagement démocratique.
Ces ministres lobbyistes sont nommés pour représenter l’intérêt des classes privilégiées, qui détruisent la planète et asservissent les peuples. L’homogénéité de leur formation, de leur style de vie, de leur appréhension du bien et du vrai, leur façon de percevoir le bien commun, l’Etat et l’économie entretiennent la croyance que le fait de sauter de poste en poste, du privé au public, du public au privé, est normal, naturel. L’impopularité de ce gouvernement et l’état de notre planète semblent plaider pour le contraire…
(1) RSE : Responsabilité sociale des entreprises.