L’évolution de l’environnement montagnard est un très fort révélateur de l’accélération du réchauffement climatique. La fréquentation accrue des massifs par des touristes menace leur équilibre et détériore l’expérience que l’on est venu chercher en leur ôtant toujours un peu plus de leur aspect sauvage [1]. La montagne est aujourd’hui marchandisée et instrumentalisée au profit d’une vision réductrice qui la résume à un espace de détente et de loisirs ou à des sommets enneigés équipés pour les sports d’hiver.
Les débats autour de l’ascension du Mont Blanc sont emblématiques de la tension accrue entre les dangers d’une surfréquentation du site (en 2018, 25 000 personnes ont entamé l’ascension du mont Blanc) et ses conséquences désastreuses pour l’environnement et la défense d’une montagne accessible. En 2019, les alpinistes qui voudront gravir le Mont Blanc par la voie normale, à partir de Saint-Gervais (Haute-Savoie), devront disposer d’un « permis d’ascension », solution de compromis trouvée pour « réguler » l’accès à ce sommet. Comment rendre la montagne accessible tout en la préservant ?
C’est en allant à la rencontre de personnes qui vivent en montagne que nous avons voulu apporter des réponses à cette question, en s’appuyant sur la spécificité de la chaîne des Alpes et de son attrait touristique pour le ski alpin. Vincent Neirinck, de Mountain Wilderness, revient sur les enjeux de la préservation d’une « vraie montagne » et sur les dangers d’un territoire asservi au ski alpin. L’approche de la montagne se doit d’être plus résiliente, ce que confirme le collectif Demain vivre aux Belleville qui se mobilise depuis plus de trente ans pour la préservation du vallon du Lou. L’association Educ’Alpes éclaire les changements rapides du territoire dus au réchauffement climatique et décrit les initiatives portées par la population locale pour renverser la tendance. La montagne ne restera cette expérience brute de l’altérité que si nous en prenons soin.