Urbaniste, philosophe et essayiste, Paul Virilio est décédé le 10 septembre 2018 à l’âge de 86 ans. Sa pensée et ses écrits restent marqués par son travail sur la vitesse, qu’il considérait comme un facteur essentiel de l’organisation sociale et du contrôle politique. C’est son essai paru en 1977, Vitesse et politique. Essai de dromologie qui le fait connaître. La vitesse revêt pour lui une dimension politique, par exemple dans un aménagement du territoire qui abolit les frontières mais qui en recrée d’autres plus sournoises, et qui dérégule les écarts entre lieux géographiques et rapports humains.
Compagnon de route de la revue Alternatives Non-Violentes, il aide à comprendre comment les violences structurelles, quelquefois tapies sournoisement sous couvert des bienfaits du progrès, modifient et altèrent le fonctionnement de la société, en accentuant les rapports de domination.
La guerre du Golfe d’août 1990 est pour lui la forme moderne d’une guerre totalitaire où la communication est érigée en arme principale. Certaines modes médiatiques, comme les reality-shows, suscitent les réflexes plutôt que la réflexion tant le déferlement d’images engendre la sidération. Cette distorsion se repère encore selon lui dans la pratique journalistique, dont le « dopage de l’instant » et le « continuum audiovisuel » conduisent les journalistes à devenir « instantanéistes ».
En 2010, dans Le Grand accélérateur, ouvrage qu’il dédie « aux traders de Wall Street qui ont embouti le mur du temps », il dénonce l’hystérisation de la société qui se manifeste aussi bien dans le mode de fonctionnement politique (comme par exemple les trop courts délais accordés à l’examen des textes de loi) que dans le capitalisme « hors-sol » uniquement fondé sur une spéculation « en apesanteur ».
Commissaire de plusieurs expositions, Paul Virilio était également maître-verrier, expérimentant dans cette activité patience et lenteur. Sa réflexion va nous manquer !
Paul Virilio, penseur de la technologie et de la vitesse
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