Qu’est-ce que le projet Iceda ?
Iceda (Installation de conditionnement et d’entreposage de déchets activés) est un projet de poubelle nucléaire qui devrait ouvrir ses portes en 2019 sur le site de la centrale nucléaire du Bugey, au bord du Rhône, dans l’Ain.
Il est originellement censé accueillir des déchets activés, c’est-à-dire des métaux, de l’acier et du béton issus des enceintes de confinement et de la cuve de réacteurs atomiques, qui ont été bombardés par les rayonnements et qui sont devenus radioactifs. Ceux-ci proviendront des centrales nucléaires de première génération (UNGG : uranium naturel graphite gaz), c’est à dire de Brennilis, Chinon, Saint-Laurent, Chooz, Bugey et Superphénix.
Iceda est censé ne fonctionner que 50 ans, le temps que soit trouvée une solution pour un stockage définitif. Mais on ne sait toujours pas ce qui sera fait de ces déchets après les 50 ans prévus. Il serait étonnant que ce délai soit tenu dans les faits.
Débuté en 2005, ce projet (dont on n’a aucune estimation du prix) était prévu pour ouvrir ses portes en 2013 mais il a été retardé de plusieurs années par une série de recours juridiques porté par des riverain·es et par les antinucléaires.
En 2017, on apprenait d’EDF que suite au retard pris par Cigeo à Bure, Iceda aurait également vocation à accueillir temporairement des déchets atomiques à vie longue. Il s’agit ici de combustibles usés, avec des rayonnements sans commune mesure avec les déchets pour lesquels il est initialement prévu !
Justement, quels sont les risques qui sont associés à ce projet ?
Le premier risque est celui de contamination des nappes phréatiques et des eaux du Rhône, qui passe à 40 mètres de là. Un peu en aval on trouve la station de traitement des eaux de la Feyssine qui permet d’alimenter l’agglomération lyonnaise en eau potable.
Sur place, les déchets activés seront découpés, créant des poussières et des aérosols radioactifs. De l’eau sera alors projetée pour neutraliser ces poussières sous forme liquide. Chaque année, Iceda rejettera dans le Rhône 300 m3 d’effluents liquides chargés en radioactivité.
Ses rejets d’effluents radioactifs gazeux sont annoncés comme inférieurs à ceux des 4 centrales attenantes du Bugey. Mais les calculs d’EDF ne prennent pas en compte les émissions de carbone 14 et de tritium, qui représentent 99,9 % des émissions ! Les documents que nous avons à disposition laissent craindre au contraire des rejets plus de 10 fois supérieurs à ceux de la centrale nucléaire.
Par ailleurs nous découvrons que les risques sismiques ont été largement minorés.
Une part des risques provient également du transport de ces matières radioactives depuis toute la France, jusqu’à 700 kilomètres de là, par train et par camion.
Peut-on penser des alternatives, ou des réponses plus satisfaisantes que celle-ci, au défi du démantèlement des réacteurs nucléaires ?
La première réponse est d’arrêter le nucléaire pour arrêter de générer de nouveaux déchets. Pour les déchets de réacteurs anciens comme ceux-ci, plusieurs questions se posent. Étant donné qu’une partie des radioéléments seront dangereux pendant 400 ans, ne vaudrait-il pas mieux les laisser où ils sont et attendre cette période avant de les transporter dans leur lieu de stockage définitif et de les y découper ? Concentrer autant de déchets sur un même site, pour des raisons de place disponible et de réseaux ferrés, est-il judicieux, à quelques mètres du Rhône dans un site semi-enterré ? La vraie réponse tiendrait dans une politique de sortie du nucléaire pensée dans sa globalité.
Pour en savoir plus : Rhône-Alpes sans nucléaire,
9 rue Dumenge, 69317 Lyon 04, tél. : 04 72 35 97 23,
monnet.patrick@wanadoo.fr, http://ra-sans-nucleaire.pagesperso-orange.fr