Chronique Chronique : Un lieu à soi Femmes, hommes, etc.

La Maison des femmes de Paris : refuge et expérience potagère

Laurence Marty

« Maison des femmes » est une expression ancienne que l’on retrouve dans les mouvements féministes de différents pays (Italie, Royaume-Uni, Allemagne et France, entre autres). L’idée qu’elle recouvre est celle d’un espace pour et par les femmes où elles se donnent la possibilité de se retrouver et d’échanger, de guérir et de s’organiser. Parce que pour les femmes, le compte n’y est pas : ce sont elles qui sont les plus précarisées (elles touchent 80 % des petits revenus), ce sont elles qui prennent le plus en charge les enfants (elles représentent 80 % des familles monoparentales), et ce sont elles qui subissent le plus de violences (130 féminicides en 2017, 75 000 viols par an). Une Maison des femmes, c’est le choix d’un espace d’expression et d’engagement en mixité choisie pour (re)trouver les forces, les solidarités et les puissances d’arpenter toutes les sphères de la société.

De multiples activités, de multiples sensibilités
Depuis les années 1970, des Maisons des femmes fleurissent dans différentes villes françaises : on en trouve aujourd’hui une à Grenoble, Bordeaux, Nantes, Lille, Montreuil, Saint-Denis, et Paris (et cette liste est non-exhaustive !). Celle de Paris a été fondée en 1981. Il s’agissait, selon leur rapport d’activité de 2017, « de donner un nouvel élan au mouvement de lutte des femmes, dans une démarche unitaire et pluraliste, d’ouvrir un espace d’accueil, de rencontres, d’information entre femmes […] et entre les nombreux groupes ou collectifs constituant le mouvement des femmes. »
Aujourd’hui, on y trouve des permanences d’information et de conseils juridiques, des groupes de parole, une chorale, des ateliers de réflexion sur différents thèmes (violences contre les femmes, racisme, discriminations, etc.), un centre de documentation, une cuisine et des espaces collectifs, mais aussi les bureaux de nombreuses associations (telles que Femmes migrantes debout, Femmes sourdes citoyennes et solidaires, Les lesbiennes dépassent les frontières, entre autres). Implantée dans le 12e arrondissement, elle est un lieu d’accueil ouvert toute la journée qui propose de nombreuses activités ou, plus simplement, un espace où se faire un café, se reposer, prendre une douche.
Un jardin à soi
Depuis 2016, il est aussi possible de venir jardiner ou profiter du soleil dans le paisible jardin partagé « La Baleine Verte » situé à quelques mètres seulement du bâtiment. Quelques femmes ont en effet pris l’initiative de s’occuper d’un petit coin du jardin.
Depuis, les jours de beau temps, les repas partagés hebdomadaires sont pris sur la grande terrasse de bois de la Baleine, et on y mange en partie ce qui y a poussé ! Un havre où rencontrer de nouvelles voisines et, peut-être, panser ses plaies en prenant soin des plantes au milieu des oiseaux.

Merci à Siham Chitaoui.


Chaque mois, retrouvez dans cette chronique un lieu habité dans un esprit féministe.

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