« La non-violence est l’arme des faibles », entendons-nous quelquefois. En fait, c’est une forme d’action pouvant être réalisée sans grands moyens financiers. En ce sens c’est une arme efficace pour les « petit·es », les pauvres, celles et ceux que le système économique mondialisé délaisse.
Le jeûne fait partie de cette panoplie d’actions à moyens faibles. Le principe d’un jeûne (de type gandhien) est de ne prendre que de l’eau pendant un temps indiqué à l’avance (de l’ordre de quelques jours). Nous reviendrons dans une prochaine chronique sur le concept voisin de « grève de la faim », dont le temps est indéterminé et qui peut durer plusieurs semaines.
Concilier action politique et santé personnelle !
Depuis plusieurs années, du 6 au 9 août (à l’initiative entre autre de Solange Fernex et de Théodore Monod), des personnes jeûnent contre l’armement nucléaire à Paris (et maintenant dans plusieurs lieux « nucléarisés » français). Un jeûne de 4 jours est facilement réalisable par une personne bien portante. Si la majorité des Français·es qui jeûnent le font pour des raisons diététiques, il est possible de concilier action politique et santé personnelle !
Une action avec un but précis
Comme d’habitude il s’agit de mettre en place une action avec un but précis : dénoncer une décision politique ou économique qui remet en cause un besoin fondamental de l’être humain.
Si le temps du jeûne est un temps de réflexion sur soi et avec l’équipe de jeûneurs et de jeûneuses (ou de soutiens), cela doit aussi être un temps d’interpellation de l’opinion publique.
À ce titre il est important de penser à annoncer à l’avance le jeûne (et éventuellement d’inviter d’autres personnes à rejoindre le mouvement durant un ou plusieurs jours). Pendant le temps du jeûne il va falloir communiquer sur le but de l’action. Le lieu du jeûne est important : chez soi c’est assez discret, dans une église, devant une mairie ou sur une place publique c’est déjà plus médiatique.
Préparation et déroulement matériels
La préparation pour un jeûne court est assez faible : éviter la viande les derniers jours. Pendant le jeûne : il faut boire de l’eau régulièrement. Certaines personnes s’autorisent des tisanes. Par contre le sucre (le miel) et d’autres boissons vitaminées sont à proscrire. L’environnement des jeûneu·ses doit être respecté : pas de personnes qui mangent leur sandwich tranquillement devant eux ; pas d’alcool ni de drogues et éviter la cigarette.
À la fin du jeûne : le temps de rupture du jeûne est un moment important au niveau médiatique (invitation de personnalités, des journalistes, des ami·es) mais aussi pour le corps. Il faut recommencer à s’alimenter doucement, à dose réduite. L’idéal est une soupe de légumes et des fruits. La viande ne reviendra éventuellement que plusieurs jours plus tard, lorsque le transit intestinal reprendra son cours normal.
D’expérience il est agréable de voir son envie de manger à l’heure habituelle disparaître au bout de 2 ou 3 jours. Le corps s’habitue à l’absence de nourriture. Lorsque la faim tiraille l’estomac, un bon verre d’eau résout le problème.
Et qu’est-ce qu’il y a comme temps dans la journée lorsqu’il n’est pas nécessaire de préparer un repas et de manger !
Tous les deux mois, Serge Perrin aborde un aspect pratique de l’action non-violente.
Mouvement pour une Alternative Non-violente – Lyon, www.nonviolence.fr