L’été que nous venons de vivre a été celui de tous les records en matière de température : plus de 51°C en Algérie, plus de 40°C pour la première fois à Tokyo. Plus au nord aussi des records ont été battus. Ainsi on a enregistré plus de 33°C en Norvège à Lakselv, soit plus de 15 °C au-dessus des normales. En Sibérie, des pointes à plus de 37°C ont été enregistrées (1) !
En France aussi des records ont été battus avec par exemple 36,9°C à Reims ou 37,6°C à Lille à l’extrême nord du pays. Plus encore que les températures records c’est l’étendue de la canicule qui a parfois concerné les deux tiers du pays et sa durée (plusieurs semaines) qui auront été remarquables.
Cette vague de chaleur s’est accompagnée d’incendies monstres en Californie bien sûr, mais aussi plus près de nous au Portugal et même en Suède ou en Finlande où des dizaines de milliers d’hectares sont partis en fumée y compris au-delà du cercle polaire.
Les décès liés au climat vont se multiplier
Ne nous y trompons pas : il ne s’agit pas là d’un épiphénomène mais bien de manifestations concrètes du réchauffement planétaire en cours, comme le confirme le climatologue Jean Jouzel (2). Celui-ci sonne d’ailleurs clairement l’alarme : « Ce que nous voyons actuellement ne sont que les prémices d’un réchauffement beaucoup plus important aux conséquences qui pourraient être catastrophiques si rien n’est fait. En cas de réchauffement climatique non maîtrisé, on pourrait voir dans la deuxième partie du 21e siècle des températures de 55°C en France, et des feux de forêts dans l’ouest du pays » prévient Jean Jouzel.
Et d’ajouter : « En cas de réchauffement non maîtrisé, il risque d’y avoir d’ici la deuxième moitié du siècle, 50 fois plus de décès liés aux catastrophes climatiques qu’actuellement. Aujourd’hui, on déplore 3 000 décès par an, on risque d’avoir 150 000 décès par an, en Europe, liés essentiellement aux périodes de canicule ».
Les gouvernements ne réagissent pas
Pourtant face à cette alerte majeure les gouvernements mondiaux semblent ne pas réagir au bon niveau et ne lancent pas un plan d’urgence pour sauver ce qui peut encore l’être. Allons-nous laisser passer notre dernière chance de limiter le réchauffement en cours ?
Le New York Times a publié en août 2018 un numéro spécial composé d’un long article de Nathaniel Rich intitulé « Terre perdue : la décennie où nous avons presque stoppé le changement climatique ». Cet article rappelle que presque tout ce que nous savons du réchauffement climatique était connu en 1979 et que dans la décennie qui a suivi nous n’avons pourtant rien fait alors que l’action était plus aisée qu’aujourd’hui (3).
Allons-nous encore continuer à ne pas agir sérieusement pour lutter contre l’actuelle dérive climatique alors que la catastrophe est maintenant clairement annoncée ?
1) Voir www.novethic.fr, « 37°C en Norvège, 41°C au Japon, 51°C en Algérie… 2018 fait tomber tous les records planétaires ».
2) Voir www.franceculture.fr, « Jean Jouzel : Il y a un risque qu’il ne soit trop tard pour lutter efficacement contre le réchauffement climatique ».
3) Voir www.novethic.fr, « 1979-1989 : La décennie où nous avons failli sauver le climat ».