L’usage du plastique est omniprésent, y compris dans la restauration collective. Quelle est son utilisation actuelle et quels sont les risques ?
L’utilisation du plastique dans la restauration collective est méconnue. Nous avons interpellé le ministère de l’Agriculture pour avoir des données chiffrées, sans résultat. En France, pour réduire le nombre d’agents, la centralisation des cuisines et l’usage des plastiques jetables à usage unique sont privilégiés dans la plupart des grandes villes. Il existe environ 1 500 cuisines centrales. Dans la métropole bordelaise, par exemple, un tiers des communes proposent des repas sans plastique, principalement des petites villes où les repas sont cuisinés sur place. Des communes plus grandes, comme Bègles ou Gradignan sont sans plastique. Les risques liés à l’utilisation du plastique sont multiples. L’usage de contenants, d’assiettes ou de couverts entraîne l’absorption de petits bouts de plastique. Or les matières plastiques peuvent contenir des perturbateurs endocriniens, comme le Bisphénol A, ou des substances cancérogènes comme le dioxyde de titane. Le risque s’accentue lorsquele plastique est chauffé. Certaines viandes ou poissons sont conditionnés dans des poches plastiques sous vide, puis cuites pendant plusieurs heures voire plusieurs jours dans de grandes cuves chauffées à 70 degrés. Ce processus permet une réduction du personnel mais augmente fortement le risque de contamination des aliments. Les barquettes sont souvent réchauffées en dépit de toutes les préconisations des industriels à plus de 120 degrés pendant une heure. À tel point qu’à Montrouge les barquettes fondaient et qu’il a fallu brider les fours à 70 degrés.
Où en est la législation ?
Nous avons essayé de nous saisir de la Loi sur l’alimentation pour faire interdire l’usage du plastique dans la restauration collective. La ministre de la Santé a très vite mis son veto pour les hôpitaux, suivie par le ministre de l’Agriculture qui a bloqué le projet de loi. Le ministère de la Transition écologique et solidaire estime que le problème n’est pas de son ressort et le ministère de l’Éducation nationale fait la sourde oreille. Pourtant, une centaine de parlementaires soutenait le retrait pour 2025, ainsi que la commission du développement durable.
Comment faire pour agir en faveur du retrait des matières plastiques des cantines ?
La mobilisation avance grâce aux parents et aux citoyen·nes. Certain·es ont rejoint l’association Cantines sans plastique, d’autres interpellent les associations de parents d’élèves. Ce qui marche, ce sont les interpellations au niveau local, de sensibiliser les écoles, les élu·es… Les parents peuvent faire des démarches simples et demander par exemple un Projet d’accueil individualisé (PAI) si leur enfant est atteint de pathologies chroniques, d’allergies, d’intolérance alimentaire, etc. La mobilisation collective porte ses fruits. À Strasbourg, le cahier des charges de la société en charge de la restauration collective a été modifié pour revenir à l’inox, sans surcoût pour les familles. Le conseil de Paris a voté au printemps 2018 la sortie du plastique pour 2022. Le processus est en place à Montrouge, à Medon, etc. Une bonne solution pour pallier le retrait du plastique est l’inox. C’est une solution saine et durable. Abolir le plastique des cantines n’est pas un choix anecdotique mais c’est un enjeu primordial en terme sanitaire et environnemental. À Bordeaux, 98 tonnes de plastique ont été jetées en 2017 par les cantines, soit 3,5 millions de barquettes !
Pour en savoir plus : Association Cantine sans plastique,
Magali Della Sudda, secrétaire,
1 bis Villa Joséphine, 92120 Montrouge,
cantinesansplastiquefrance@gmail.com,
https://cantinesansplastique.wordpress.com
