Dans les sociétés contemporaines marquées par les "droits de l’enfant", l’individualisme, la redéfinition de la famille, les loisirs de masse, le consumérisme, le chômage, l’influence de la technologie et une tendance croissante à la gamification [1], la question du genre et celle de la finalité "éducative" du jeu demeurent objets de remises en cause et de tensions parfois vives au nom de l’émancipation.
Consommation ou émancipation ?
Pour certain·es, tout est commerce et le jeu n’est qu’un business : chaque succès [2] est décliné en figurines, jeux vidéos, costumes et autres produits dérivés ; les marques qui éditent les grands jeux classiques reprennent les licences [3] et s’adaptent à la mode du jour. Les chambres de commerce et d’industrie déclinent des versions locales du Monopoly, pendant que les étudiant·es des écoles de commerce travaillent sur l’attractivité ludique des produits. Les diverses collectivités territoriales et les institutions éditent de pseudo-jeux pour communiquer, suivant les préceptes du marketing…
Pour d’autres acteurs, le jeu constitue une manière différente d’appréhender le monde et les relations à soi et aux autres, et de générer d’autres possibles : espaces d’imaginaires libres et réenchantés, coupés du poids normatif du quotidien et des interdits sociaux ; exploration de relations humaines différentes ; questionnement de nos rapports aux apprentissages ; intégration d’un plaisir gratuit dans notre vie individuelle et collective ; expérimentation et développement de compétences avec un droit à l’échec ; possibilité d’une créativité épanouie, etc.
Entre individualisme et recherche de collectif ; surabondance de jeux et de jouets et sobriété ; peur de l’addiction aux écrans [4] et volonté de partage et de liens ; apprentissage et "jeu pour le jeu" ; vie familiale et vie professionnelle…, le jeu se transforme en enjeux visibles et brouille certains repères, quitte à générer des peurs et des incompréhensions [5].
“Le jeu est un élément majeur de construction de la personne"
Le jeu est présent dans nos vies dès notre plus tendre enfance et il contribue fortement à forger notre représentation du monde, de ce qui se fait ou ne se fait pas, de la manière d’être en relation… Il est partout aujourd’hui, jusqu’à conditionner notre consommation, voire notre image de nous-mêmes et des autres. Le jeu est un élément majeur de construction de la personne et des rapports de groupe, mais il demeure suspect de provoquer des addictions (aux jeux d’argent, aux jeux vidéos… à la facilité et à la légèreté, dans un autre registre) et de perturber les activités sérieuses. Longtemps illégitime, il a gagné ses galons mais de nombreuses étiquettes prétendent catégoriser les individus en fonction des jeux auxquels ils jouent.
L’émancipation est un combat historique qui emprunte mille voix parallèles, avec des avancées et des reculs. Ce qui relève d’une émancipation dépend du point de vue idéologique retenu. Chaque jeu est une goutte d’eau dans ce processus mais l’ensemble des jeux auxquels nous jouons forment un ruisseau parmi d’autres… qui irrigue lui aussi la société et ses tumultes.
Notre sélection de jeux pour nous, notre famille et nos ami·es ainsi le temps que nous passons véritablement à jouer (seul·e ou avec les autres) peuvent être effectués en conscience, selon ce qui nous semble souhaitable et juste, ou peuvent relever de conditionnements et d’habitudes. Et si l’émancipation commençait dans la sphère ludique ?
EnVies EnJeux s’implique sur différents territoires afin d’accompagner et promouvoir le développement :
des relations non-violentes, où chaque personne se construit de manière positive dans la confiance en soi et aux autres ;
des relations de coopération entre les personnes.
Car l’association pense qu’elles favorisent l’entraide, l’écoute, la participation de tou•tes et l’acceptation de spécificités de chacun•e. EnVies EnJeux est spécialisée dans la mise en oeuvre et la transmission des jeux coopératifs et des comportements ou compétences relationnelles qu’ils favorisent : écoute, affirmation de soi sans violence, gestion de conflits,
entraide, communication, négociation, etc. L’association affirme pratiquer "l’éducation relationnelle" : un ensemble de concepts opérationnels et d’outils pratiques visant à prévenir les violences interpersonnelles, à résoudre de manière constructive les conflits et à développer les pratiques coopératives.
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