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Alimenter les luttes

Martha Gilson

Depuis quelques temps, des réseaux originaux ont germé à Nantes et à Rennes. Pour ravitailler des luttes sociales et écologiques, des paysans et des paysannes se sont associées avec des colporteurs et des colporteuses pour assurer des cantines régulières.

Le réseau de ravitaillement à Rennes et La Cagette des terres à Nantes sont des projets très similaires. L’idée est de partir des pratiques de solidarité existantes : champ collectif, glanage, récup’ ou encore cantines et de les structurer afin de ravitailler certaines luttes locales. Ces réseaux soutiennent les piquets de grèves, les squats de sans-papiers, les occupations de facs ou de places, etc. Bref, les réseaux de ravitaillement nourrissent les mouvements sociaux !

Tisser du lien entre luttes locales et monde paysan

Ces réseaux sont une sorte de prolongement de solidarités bien souvent informelles : des producteurs et des productrices donnent leur surplus à des personnes qui ont le temps et l’énergie de les amener sur des lieux de lutte. Il est aussi possible de soutenir le projet en apportant une cotisation financière, qui peut servir à rémunérer les paysans et les paysannes, ou encore à financer le matériel nécessaire et le transport de la nourriture. Les fruits et légumes sont fournis de manière solidaires, donnés ou vendus souvent à prix réduits.
À Rennes comme à Nantes, les réseaux promeuvent également la mise en place d’un marché rouge. Il s’agit d’un marché avec des produits de qualité mais sans prix sur les étiquettes ! La vente se fait à prix libre. À Rennes, le marché est vu comme « un moment convivial dans un quartier populaire, une occasion de commencer à s’organiser matériellement ensemble pour réintroduire de la mise en commun partout où les gouvernants veulent que règne l’économie et la loi du marché. » On retrouve cette idée dans le « non-marché » qui existe sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. C’est un marché hebdomadaire où des choses produites sur la ZAD sont vendues à prix libre. On retrouve sur ce « non-marché » entre autres la boulangerie aux Fosses Noires, le jardin collectif Rouge et Noire, le groupe vache à Bellevue, le groupe céréales et la meunerie, la conserverie de la Noe Verte.

Des soutiens multiples

Le réseau rennais de ravitaillement des luttes a effectué sa première livraison de soutien aux cantines locales qui ont nourri les facteurs et factrices en grève et leurs soutiens le 9 janvier 2018. La Cagette des terres a notamment soutenu les 18 jours de grève d’un autre mouvement de grève, celui de la Poste de Saint-Herblain ou encore l’occupation de bâtiments pour de jeunes migrant·es. Les formes peuvent être diverses, du banquet au panier repas, selon la lutte soutenue. Ces pratiques permettent de décloisonner certaines luttes syndicales et de refaire des ponts entre ville et campagnes. Manger ensemble ou mettre en partage de la nourriture en dehors des logiques marchandes participe aussi à la lutte.

Contacts
https://lacagettedesterres.wordpress.com
lacagette@riseup.net
nourrirlagreve@riseup.net
ou 07 87 85 93 72.

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