Tout le monde le sait : les pesticides sont présents dans l’eau, dans nos aliments et jusque dans nos maisons ! De nombreuses études et statistiques sont publiées régulièrement sur le sujet qui montrent que la situation reste largement préoccupante dans notre pays. Mais les pesticides, la plupart du temps pulvérisés, sont rarement recherchés dans l’air. Certes des campagnes d’analyses ont été effectuées ces 15 dernières années dans de nombreuses régions, mais elles demeuraient irrégulières et surtout elles ne répondaient jusqu’à présent à aucune norme commune, ce qui rendait les comparaisons inter régionales impossibles.
Une campagne nationale de mesure des pesticides dans l’air
Suite à la publication d’un rapport de la Cour des comptes de 2016, recommandant de « rendre obligatoire la surveillance par les Associations agréées de surveillance de la qualité de l’air [AASQA] de la présence dans l’air des pesticides les plus nocifs », les choses viennent cependant de changer. En effet la Fédération des associations de surveillance de la qualité de l’air (Atmo France) et l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) viennent de signer une convention en novembre 2017, pour améliorer les connaissances sur les pesticides dans l’air.
Selon cette convention les Associations régionales de surveillance de la qualité de l’air comme AirParif et ATMO Hauts de France vont lancer une campagne nationale de mesure des pesticides dans l’air.
La campagne durera une année avec deux sites de prélèvement par région, des méthodes standardisées et une liste commune de pesticides recherchés. Près de 90 substances jugées comme prioritaires seront ainsi recherchées. Cette première campagne coordonnée « doit permettre de définir prochainement une stratégie nationale de surveillance » selon ATMO France. La connaissance sur la présence de pesticides dans l’air va donc progresser et on ne peut que s’en féliciter.
Mesurer les pesticides c’est bien, les éviter ce serait mieux !
Cependant, dans le même temps, la France a raté une belle occasion de passer réellement aux actes pour réduire concrètement l’exposition des Français·es aux pesticides dans l’air. En effet, l’arrêté du 4 mai 2017 sur l’utilisation des pesticides (remplaçant un autre arrêté de 2006 abrogé) n’a pas prévu de mettre en place des zones sans pulvérisation de pesticides en bordure des zones habitées, ce qui aurait permis de protéger concrètement les populations ! [1]
De plus, cet arrêté prévoit, à titre dérogatoire, de rendre possible dans certaines conditions une réentrée des travailleurs dans les parcelles traitées par certains pesticides dangereux, plus précoce en milieu ouvert qu’auparavant (6 h au lieu de 24h auparavant). C’est pourquoi des associations comme Générations Futures, Eaux et Rivières de Bretagne, le syndicat Solidaires et d’autres ont déposé des recours [1] en annulation et modification de cet arrêté.
Mesurer les pesticides dans l’air c’est bien… mais éviter qu’on les y retrouve ça serait quand même bien mieux !