À l’échelle mondiale ce sont ainsi 23 % de tous les décès qui pourraient être empêchés par le fait de vivre dans des milieux plus sains. Presque deux tiers des 12,6 millions de décès causés par l’environnement chaque année sont dus à des maladies non transmissibles. Les pollutions de l’air ambiant et domestique ont ainsi causé, respectivement, 2,8 et 3,7 millions de décès par maladie cardiaque ischémique, accident vasculaire cérébral, maladie pulmonaire obstructive chronique et cancer du poumon en 2012.
De même, près d’un tiers des maladies cardiovasculaires est attribuable à la pollution de l’air ambiant et domestique (13 % et 17 % respectivement), le tabagisme secondaire (3 %) et l’exposition au plomb (2 %). Pour la bronchopneumopathie chronique obstructive, 29 % des décès sont attribuables à la pollution de l’air domestique, 8 % à celle de l’environnement et 11 % à la pollution sur les lieux de travail.
Réduire la pollution de l’air : une priorité sanitaire
Mais au-delà du constat, sévère, l’OMS trace des pistes d’action. Ainsi le rapport indique que l’accès aux énergies propres, l’efficacité des transports, le contrôle des émissions industrielles, l’utilisation de produits chimiques sûrs et la santé au travail sont des pistes d’action efficaces pour la prévention des maladies respiratoires cardiovasculaires et chroniques. La réduction de la pollution de l’air par les transports, la production d’énergie et les émissions industrielles ; la réduction de l’exposition aux UV, aux produits chimiques comme les solvants, les pesticides, l’amiante et le formaldéhyde peuvent empêcher le cancer du poumon et d’autres cancers. Pour l’OMS, des lieux de travail plus sains pourraient empêcher également environ 1 million de décès de maladies non transmissibles chaque année.
Vers un « virage préventif » du système de santé ?
Ce rapport est une contribution majeure à la réflexion globale en matière de politiques de santé. Il doit faire prendre conscience à tous les responsables qu’il n’y a pas de politique de santé cohérente sans vraies ambitions en matière de santé environnementale. C’est ce que doit intégrer la nouvelle stratégie nationale de santé en France qui, sur la base d’un rapport [2] du Haut conseil de la santé publique, devrait conduire à un « virage préventif » du système de santé français.
Ce rapport suggère en effet, en plus de l’action habituelle sur les trois facteurs de risque que sont l’alimentation, l’alcool et le tabagisme, d’aborder également largement les questions de pollution environnementale. Il est donc grand temps, au-delà des déclarations d’intention, de donner à la santé environnementale toute la place qui lui revient dans une politique de santé cohérente !