Chronique Nucléaire, ça boum ! Paix et non-violence

La Corée du Nord et le désarmement

Dominique Lalanne

Après de nombreux essais nucléaires et balistiques, la Corée du Nord est maintenant un État nucléaire.

Pourquoi en est-on arrivé là ? La Corée du Nord se sent menacée par les États-Unis. Ceux-ci en effet ont une présence très importante dans cette région, avec plusieurs bases militaires, de très nombreux bateaux militaires présents dans un environnement proche et une implantation en Corée du Sud et au Japon.
Le souvenir de la guerre de 1950 à 1953 est encore très présent. Ce fut le conflit le plus meurtrier après la Deuxième Guerre mondiale [1] entre la Corée du Sud soutenue par les États-Unis et la Corée du Nord soutenue par la Chine et l’URSS. Avec la menace de frappe nucléaire envisagée par les États-Unis.

Une fausse sécurité

Pendant 60 ans la Corée du Nord n’a pas été agressée par les États-Unis alors qu’elle n’avait pas la bombe. Pourquoi ? Parce qu’elle a le soutien de la Chine qui lui fournit pétrole et nourriture. La Chine ne veut pas de l’OTAN à sa frontière. L’OTAN est en Corée du Sud, la Corée du Nord fait donc barrage entre leurs deux frontières. La bombe nucléaire nord-coréenne change la situation et fragilise le soutien de la Chine. Elle donne à Kim-Jung-Un un semblant de sécurité mais surtout elle exprime sa vanité. Elle fragilise la Corée du Nord.
En cas d’agression, la possession de l’arme nucléaire ne « protège » en rien et aboutit à la destruction de tou·tes si elle est utilisée. La dissuasion nucléaire est un bluff où l’on joue avec l’acceptation du suicide. En Europe, les « 70 ans de paix » ne sont pas dus à la menace de l’arme nucléaire. L’URSS, qui aurait pu tenter d’occuper l’Europe, ne l’a pas fait après analyse de ses échecs en Pologne, Hongrie, Tchécoslovaquie.

Pour sortir de la confrontation

Y a-t-il une solution pour le conflit Corée du Nord - États-Unis ? L’objectif de la dictature de Kim-Jong-Un est la pérennisation de son pouvoir. Ce n’est pas original de la part d’une dictature… Il appartient au peuple nord-coréen de gérer cette situation. La présence nucléaire des États-Unis dans le Sud Est asiatique est perçue à juste titre comme une menace, pas seulement pour la Corée du Nord mais aussi pour la Chine.
La vraie question qui fâche est celle du désarmement nucléaire. L’article VI du Traité de non-prolifération signé en 1970 par les États-Unis impliquait l’élimination des armes nucléaires « de bonne foi ». Nous en sommes loin. Le nouveau traité d’interdiction voté par l’ONU en juillet 2017 devrait ouvrir des perspectives. Or il est combattu par les puissances nucléaires, en premier lieu les États-Unis et la France.
Si les États-Unis et la Chine avaient éliminé leurs armes nucléaires, le problème de la Corée du Nord n’existerait pas. La crise avec la Corée du Nord devrait permettre de réaliser que le désarmement nucléaire est une urgence, le nouveau traité d’interdiction devrait être pris en considération par les puissances nucléaires. Mais très au-delà de l’arme nucléaire, la paix du monde ne peut être réalisée que par l’interdiction de la guerre, ce que précise la charte des Nations Unis depuis 70 ans [2].

Dominique Lalanne est président de « Armes nucléaires STOP » - do.lalanne@wanadoo.fr

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Notes

[1Le nombre de victimes est évalué à 38 500 dans les forces onusiennes, à 70 000 dans les forces sud-coréennes et à 2 millions chez les combattants nord-coréens et chinois. À cela s’ajoutent les civils victimes des bombardements, des disettes et des épidémies (peut-être trois millions de victimes en plus des combattants)

[2Le paragraphe 4 de l’article 2 de la Charte interdit la menace ou l’emploi de la force contre la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance politique du tout État.

[3Le nombre de victimes est évalué à 38 500 dans les forces onusiennes, à 70 000 dans les forces sud-coréennes et à 2 millions chez les combattants nord-coréens et chinois. À cela s’ajoutent les civils victimes des bombardements, des disettes et des épidémies (peut-être trois millions de victimes en plus des combattants)

[4Le paragraphe 4 de l’article 2 de la Charte interdit la menace ou l’emploi de la force contre la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance politique du tout État.

[5Le nombre de victimes est évalué à 38 500 dans les forces onusiennes, à 70 000 dans les forces sud-coréennes et à 2 millions chez les combattants nord-coréens et chinois. À cela s’ajoutent les civils victimes des bombardements, des disettes et des épidémies (peut-être trois millions de victimes en plus des combattants)

[6Le paragraphe 4 de l’article 2 de la Charte interdit la menace ou l’emploi de la force contre la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance politique du tout État.