Chronique L’écologie c’est la santé Santé

Des Etats généraux de l’alimentation mal engagés

François Veillerette

Les États généraux de l’alimentation ont été lancés à grand bruit le 20 juillet 2017 à Paris par le Premier ministre et plusieurs de ses collègues. Mais pourquoi le gouvernement a-t-il lancé cette opération aussitôt après les élections ? D’où vient cette idée ?

Il convient tout d’abord de se rappeler que c’est Nicolas Hulot qui, avant les élections, avait avancé avec d’autres l’idée d’un Grenelle de l’alimentation, idée ensuite reprise par le candidat Macron. Il s’agissait alors clairement pour Hulot de parler transition écologique de l’agriculture. Depuis Nicolas Hulot est devenu ministre de la Transition Ecologique et Solidaire, et les Etats généraux de l’alimentation sont devenus une réalité : les EGA. Mais qu’est devenue l’idée originelle ?

L’alimentation : question agricole, ou question de société ?

Première déconvenue pour Nicolas Hulot : le pilotage de ces EGA a été confié au ministre de l’Agriculture, alors que le ministre de la Transition écologique comptait bien se voir confier cette responsabilité. Le signal est d’importance : par ce choix le pouvoir signifie que l’alimentation est d’abord une question agricole avant d’être une question de société plus large. Un mauvais signal pour celles et ceux qui justement veulent voir l’agriculture répondre d’avantage aux demandes de la société qu’à celles des marchés !
La FNSEA n’a ensuite pas perdu une seconde pour mettre en avant la question du revenu des agricult·rices comme LE problème à traiter. Et elle semble bien avoir été entendue puisque aujourd’hui les EGA s’articulent autour de deux chantiers, le premier consacré à la création et à la répartition de la valeur, le second portant sur une alimentation saine, sûre, durable et accessible à tou·tes.
Quatorze ateliers en tout, dont un atelier transversal, se déroulent entre la fin du mois d’août et la fin du mois de novembre. Le fait de séparer la question de la valeur de celle de la durabilité de l’agriculture augure mal d’une vraie volonté de réforme des modes de production, liant valeur ajoutée et qualité environnementale des produits et des modes de production.
L’impression qui prédomine est d’avantage que le pouvoir veut donner des gages à la FNSEA sur le revenu agricole pour éviter une fronde dans les campagnes plutôt que d’engager un vaste chantier de refonte de nos modèles de production et de consommation.

Un nouveau contrat social entre société et agriculture ?

Les ONG sont logiquement déçues car elles attendent l’ouverture d’un vaste chantier devant déboucher sur une troisième phase des EGA. Celui-ci pourrait définir une véritable feuille de route politique pour un nouveau contrat entre la société et son agriculture. De son côté le ministre de l’Agriculture ne semble pas envisager ce niveau de changement et parle de la production d’un « Agenda des solutions »….Visiblement les attentes des un·es et des autres n’ont pas le même niveau d’ambition ! Générations Futures va néanmoins s’engager dans les ateliers des EGA en espérant que cette première impression n’est pas la bonne et qu’une réelle évolution de notre agriculture pourrait sortir de ces 3 mois de réunions. Mais pour cela il faudra que le nouveau gouvernement affiche une réelle envie de réforme en profondeur totalement absente aujourd’hui !

En partenariat avec : www.generations-futures.fr

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