Quelles sont les conséquences politiques et climatiques du retrait des États-Unis de l’accord de Paris, annoncé le 1er juin 2017 ?
L’annonce de Donald Trump, c’est d’abord un coup très dur pour la planète et pour les populations qui subissent déjà de plein fouet les impacts des dérèglements climatiques, car les États-Unis représentent le second plus grand émetteur de gaz à effet de serre (GES). Mais cette sortie sera également lourde de conséquences pour l’économie des États-Unis et ses citoyen·nes mêmes, car elle va à l’encontre de leurs intérêts : les secteurs de l’énergie solaire et éolienne créent déjà des emplois à un rythme 12 fois plus rapide que le reste de l’économie américaine. En prenant cette décision, Donald Trump isole politiquement les États-Unis sur la scène internationale.
En revanche, l’accord de Paris est toujours applicable et l’objectif de limiter le réchauffement de la planète à +1,5°C reste impératif. Les États-Unis ne pourront d’ailleurs légalement pas sortir de l’accord avant 2020. Et l’impact de ce retrait pourrait être limité : alors que le gouvernement américain a décidé de ne plus faire sa part de l’effort, plus de 1000 états, villes, entreprises, universités se sont engagés à poursuivre la lutte contre le changement climatique sur le territoire américain. La Californie vient même d’annoncer qu’elle allait accroître ses efforts en faveur du climat d’ici à 2030.
Comment la COP23 qui va se dérouler à Bonn en décembre 2017, peut-elle rebondir suite à ce retrait ?
Donald Trump a délibérément tourné le dos au reste du monde, qui reste prêt à remplir ses engagements. La très grande majorité des pays dont les grands émetteurs de GES comme la Chine, l’Union européenne ou l’Inde ont vivement condamné l’annonce du président américain. Ces pays doivent à présent prendre les devants de la réduction des émissions de GES en déployant massivement les énergies renouvelables et en laissant les énergies fossiles dans le sol. C’est ce qu’on attend d’eux à la COP23 : que d’une réaction, ils passent à l’action en annonçant des mesures plus ambitieuses, et en continuant le travail technique nécessaire pour rendre l’application de l’accord de Paris pérenne et transparente. Présidée par les îles Fidji, cette COP sera aussi l’occasion pour les pays riches de démontrer leur solidarité envers les pays pauvres afin de les aider à mener le combat contre le changement climatique, alors que les États-Unis ont annoncé des coupes importantes de leurs financements en voulant priver le Fonds Vert pour le climat de 2 milliards de dollars.
Comment ont avancé les réductions d’émissions de GES mondiales depuis la signature des accords de Paris fin 2015 ?
Cela fait trois ans que les émissions de GES stagnent à l’échelle mondiale. D’autres signes positifs prouvent que la dynamique de transition est bel et bien en cours : par exemple, 2016 a battu tous les records de nouvelles installations d’énergies renouvelables. Mais si les émissions de GES n’augmentent plus, elles n’ont pas entamé le déclin indispensable pour limiter le réchauffement à +1,5°C. Les promesses faites à la COP21 par l’ensemble des pays placent toujours la planète sur une trajectoire de réchauffement de plus de 3°C d’ici la fin du siècle. Pour rectifier le tir, les pays, au premier rang desquels la France et l’Union européenne, devront proposer des politiques climatiques et de transition écologique bien plus ambitieuses avant 2020.
Pour en savoir plus : Réseau Action Climat,
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tél. : 01 48 58 83 92,
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