Dans le domaine de l’environnement les bonnes nouvelles ne sont pas toujours au rendez-vous. Bien souvent d’ailleurs, cette chronique n’échappe pas à la règle et annonce jusqu’à présent des renoncements ou des menaces nouvelles sur notre environnement et notre santé. Aussi ne faut-il pas bouder son plaisir lorsqu’une bonne nouvelle tombe.
Et c’est bien une bonne nouvelle qui est tombée le 14 juin dernier au Parlement européen. Ce jour-là un vote essentiel avait lieu : les élus européens devaient se prononcer sur l’opportunité d’utiliser ou non des pesticides dans ce que l’on appelle les Surfaces d’Intérêt Écologique (SIE) dans les exploitations agricoles. Ces SIE ont été introduites dans la PAC (Politique Agricole Commune) et doivent représenter au moins 5% des surfaces des terres arables des agriculteurs demandant un paiement direct dans le cadre de cette PAC, afin de protéger la biodiversité sur la ferme. Il s’agit la plupart du temps de haies, de jachères, d’arbres ou encore de mares, intercalées dans des cultures agricoles.
Problème : la mise en place de ces SIE n’a jusqu’à présent pas vraiment permis de protéger la biodiversité dans les fermes, notamment… à cause de l’utilisation de pesticides dans ces zones !
14 millions d’hectares libérés des pesticides en Europe
Face à ce problème, la Commission européenne a fait la proposition d’interdire l’utilisation des pesticides dans ces zones spécifiques. Problème réglé pensez-vous ? Que nenni puisqu’il s’est bien sûr trouvé deux eurodéputés de la Commission
Agriculture du Parlement européen pour proposer et faire adopter par cette même commission une résolution demandant l’autorisation des pesticides dans ces SIE ! Cette perspective d’autorisation des pesticides dans les SIE a fait fortement réagir les ONG, au premier desquelles PAN Europe, que je préside [1], qui posait une question essentielle fin 2016 : « Si nous ne pouvons même pas interdire les pesticides dans les SIE, est-ce que cela vaut la peine de poursuivre le paiement du verdissement de la PAC lors de la prochaine révision du budget européen ? ».
C’était donc cette importante question que le Parlement européen devait trancher ce 14 juin 2017.
Et la bonne nouvelle c’est que le Parlement n’a pas soutenu la résolution de la Commission Agriculture demandant l’autorisation des pesticides sur ces SIE. La victoire fut certes courte (363 voix pour alors que la majorité nécessaire était de 376) mais une victoire néanmoins, même si seulement 267 eurodéputé·es ont voté contre !
Mais ne boudons pas notre plaisir car ce sont maintenant plus de 14 millions d’hectares qui ne pourront plus être traités par des pesticides en Europe et autant de zones où la nature pourra reprendre ses droits. Suffisamment d’eurodéputé·es auraient-illes enfin entendu·es les citoyen·nes européen·nes, comme les 258 000 personnes ayant soutenu la campagne des ONG environnementales pour une PAC plus « verte » ou le gros million de personnes ayant signé l’Initiative citoyenne européenne contre le glyphosate ?
