• Localisation : Embrun (Hautes-Alpes) • Création : 1993 • Statut : association. • Terrain de 18 hectares, bail de 25 ans avec la mairie d’Embrun • + de 2000 personnes formées en 25 ans.
Un centre de formation
Le Gabion est principalement une association de formation pour adultes. Dans le domaine de l’insertion, elle propose trois formations diplômantes : ouvrier professionnel en restauration du patrimoine, ouvrier professionnel en écoconstruction (nouveau métier reconnu seulement depuis mars 2017) et une formation en pierres sèches (2). C’est financé par le département, la région et l’Etat, avec le soutien de la chambre des métiers. Les deux premières formations permettent d’avoir une vision globale du bâtiment. La troisième, plus spécialisée, est issue du regroupement avec d’autres centres de formation de la région.
A côté de ces formations longues (1200 heures dont 400 en entreprises),
Les chantiers d’insertion accueillent des jeunes de moins de 25 ans peu diplômés, des plus de 50 ans qui ne trouvent plus d’emploi, et des personnes en réinsertion après condamnation de justice. Ils ne doivent pas concurrencer les entreprises locales (partenaires et employeur-es potentiels). Ils travaillent dans le domaine de la restauration du patrimoine où de nombreux chantiers ne pourraient être entrepris, car trop coûteux en main-d’œuvre pour passer par une entreprise classique. Les chantiers permettent de rencontrer des entrepreneurs et nombre de stagiaires sont embauché-es grâce à ces contacts directs.
Pour encadrer les formations, il y a un coordinateur salarié qui a pour charge de mettre en place le contenu, d’aller chercher les meilleur.es professionnel.les et de les initier à la pédagogie. Pendant une formation, entre 15 et 18 personnes vont enseigner. Les stages en entreprise se font dans cinq entreprises différentes. Ainsi, une personne qui est formée au Gabion est déjà en relation avec 20 à 23 professionnel.les. Il a également accès à une base de données où figurent toutes les entreprises (400 aujourd’hui), les formateurs et formatrices (70), les personnes qui ont suivi une formation (plus de 2000). Cela permet d’échanger via une plate-forme et donc, en cas de problème sur le terrain, de recueillir des conseils. C’est particulièrement important dans le domaine de l’écoconstruction où les techniques évoluent très rapidement et où les innovations sont nombreuses. Pierre Sallé, l’actuel directeur, fait remarquer que l’écoconstruction attire de plus en plus les femmes : 45 % des effectifs en 2016. Celles-ci excellent dans le second œuvre (3).
Un bâtiment de démonstration
A côté de cette maison ancienne, une immense bâtisse vient d’être construite par des chantiers d’insertion : soubassement en pierre, ossature bois (mélèze local), remplissage en caisson de paille, peintures et enduits non toxiques. Des sondes ont été installées dans les murs par les élèves en électrotechnique du lycée de Veynes. Elles doivent permettre un suivi thermique du bâtiment. Celui-ci n’est pas exactement aux normes : le choix a été fait de ne pas recourir aux ventilations mécaniques, mais de rechercher des solutions passives. Les promoteurs du bâtiment proposent une alternative simple : ouvrir les fenêtres régulièrement pour renouveler l’air ! Le chauffage se fait à partir d’une petite chaudière à palets et un circuit d’eau qui passe dans les murs, les chauffant à 26 °C. Cela permet d’avoir de l’air à 21 °C et un excellent confort. La consommation de bois va être extrêmement basse : 450 kg par an pour 450 m2 de surface.
Il y a quand même un recours au béton pour les dalles des ateliers : cela supporte les lourdes charges et limite les vibrations. Le bâtiment est à l’image de ce que veut faire passer l’association : « ne pas faire une approche par matériau, mais partir des besoins pour déterminer ce qui est le plus adapté ».
Durant l’été 2017, les bureaux actuellement dans le bâti ancien vont déménager dans ce nouvel espace avec au rez-de-chaussée de vastes ateliers, au premier étage des salles de travail et, au deuxième étage, les nouveaux locaux administratifs. L’ancien bâtiment va être aménagé pour l’accueil du jeune public avec une « matériauthèque » au rez-de-chaussée, des salles de formation et d’information au premier. Il s’agit d’accueillir des classes et de leur présenter un autre discours sur la construction. L’étage supérieur du bâtiment devrait servir à la mise en place d’un pôle recherche, avec l’accueil d’universitaires.
A l’extérieur, on peut voir de nombreux petits bâtiments composés de toutes sortes de matériaux : il s’agit du résultat des stages antérieurs.
Laisse béton
Le béton — le matériau industriel par définition — a su communiquer pour rassurer les clients, les assurances, les banques… Pourtant, il présente de nombreux inconvénients : il est destructeur (carrières), il nécessite beaucoup d’énergie pour sa préparation, il vieillit souvent mal, il est difficilement destructible. « Les solutions alternatives se heurtent à la méfiance des institutions et il est parfois difficile d’emprunter ou de trouver une garantie décennale ».
Le site du Gabion propose aux personnes en formation de redécouvrir ce qui se faisait avant : pierre, bois, terre, chaux, paille, chanvre (et que l’on retrouve dans la restauration du patrimoine) et les innovations d’aujourd’hui. Professionnels et grand public peuvent venir sur place pour voir des exemples et pour expérimenter.
Le Gabion est en lien avec de très nombreuses structures professionnelles ou de recherche (Compaillons pour la paille, CRA-Terre pour la terre…). Ces réseaux ont beaucoup travaillé à la certification des nouvelles techniques.
Reste à contrer la force de communication des grands groupes du bâtiment !
MB.
• Le Gabion, le Pont Neuf, 05200 Embrun, tél. : 04 92 43 89 66 (lundi au vendredi 8 h à 12 h seulement) http://gabionorg.free.fr
(1) Un gabion est un casier généralement en fil de fer tressé et rempli de pierres, utilisé comme mur de soutènement.
(2) La pierre sèche reste très compétitive dans les constructions jusqu’à 1,70 m de haut : elle revient alors moins cher que le béton.
(3) Le premier œuvre consiste à monter les murs et la toiture, le second œuvre comprend les circuits d’eau, gaz et électricité, les enduits, les peintures, les carrelages, les sols…