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Uraniumgate. Au Niger, Areva invente l’économie circulaire !

Raphaël Granvaud

Suite aux révélations du journal nigérien Le Courrier, une commission d’enquête parlementaire va enquêter sur une étrange transaction orchestrée par Areva. En France ? Non… au Niger. La firme française est également visée par une enquête du parquet national financier français. En 2011, les autorités nigériennes se voient proposer une opération de trading sur le marché de l’uranium : Areva Ug, filiale d’Areva vend 5 millions de livres d’uranium (soit plus de la moitié de la production annuelle du pays) à une société fantôme russe, Energo Alyans, qui les revend à une société libanaise, Optima Energy Offshore SAL, qui les revend à la société d’État nigérienne Sopamin (Société du patrimoine des mines du Niger), qui les revend… à Areva !
Le Courrier a produit la copie d’un virement bancaire de 319 millions de dollars, soit près de 200 milliards de francs CFA effectué le 12 décembre 2011 du compte de l’entreprise publique nigérienne Sopamin logé à la BNP Paribas à Paris, vers le compte d’Optima, domicilié à Dubaï. Petit problème : il est signé d’Hassoumi Massaoudou, alors directeur de cabinet du président Mahmadou Issoufou et actuel ministre des Finances, mais non du directeur de la Sopamin.
Massaoudou a été sollicité par Sébastien de Montessus, alors directeur de la filiale Business Group Mines d’Areva. « Ils avaient juste besoin du nom de la Sopamin », explique le ministre qui affirme qu’en contrepartie « s’ils obtiennent des gains à l’issue de l’opération, ils peuvent rétrocéder une partie au Niger  » (Niameyetles2jours.com, 20/02). Massaoudou affirme que le Niger a ainsi gagné 800 millions de francs CFA dans l’opération. De 40 dollars la livre, l’uranium est en effet valorisé (sans raison) à chaque transaction, chaque intermédiaire empochant un bénéfice… sauf Areva. Selon l’hebdomadaire Jeune Afrique (19/03), le groupe français aurait perdu 101 millions de dollars dans l’opération.

Fonds obscurs

Dans quel but organiser une vente circulaire, où l’entreprise française – à capitaux publics - finit par racheter (beaucoup) plus cher ce qu’elle a vendu à peine quelques jours plus tôt ? Une hypothèse hautement probable : dégager des fonds occulte dans l’opération. A quelles fins ? L’affaire, en modèle réduit, n’est pas sans rappeler le scandale de l’Affaire Uramin, pour laquelle plusieurs haut cadres d’Areva sont aujourd’hui mis en examen. En 2007, Areva avait payé au prix fort (2,5 milliards de dollars) pour une petite société canadienne, Uramin, possédant des permis qui se sont révélés sans valeur. Tout porte à croire que la surfacturation a été délibérée et plusieurs enquêteurs affirment qu’il s’agissait de dégager de colossales commissions pour obtenir un marché de construction de centrales nucléaires en Afrique du Sud… sans résultat. Selon certaines sources (c’est notamment la thèse de Vincent Crouzet, consultant et ancien « honorable correspondant » de la DGSE, auteur de deux récits sur le sujet, pris très au sérieux par la brigade financière) la transaction aurait également généré des rétro-commissions à destination de certains milieux politiques français… Mais promis, les financements occultes de la Françafrique, c’est du passé.

Raphaël Granvaud

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