Les 14 chorales qui ont répondu au questionnaire de Silence ou que nous avons rencontrées, sont situées à Draguignan, Grenoble, Lyon, Marseille, Nancy, Riom, Rouen, Saint-Julien-Molin-Molette, Toulouse, ainsi que dans le Trièves et à Villeurbanne. La doyenne, Les Gaperons rouges, a été fondée en 1997 à Riom dans le Puy-de-Dôme, tandis que la cadette, Les Kagolphoniques, a été créée en 2015 à Marseille.
Toutes partagent un certain nombre de points communs : un répertoire engagé (sauf l’une d’entre elles), des pratiques d’organisation différentes de celles d’une chorale classique, un engagement de leurs membres dans diverses luttes ou alternatives, des modalités d’intervention militantes.
« On chante, mais pas que… »
Ce soir, comme tous les lundis, c’est répétition à la chorale des Canulars, à Lyon. Gérard a amené une tarte aux pommes, Nicolas du pain, de la rouille et des anchois, Gemma de la soupe chaude et Bernard une bouteille de rouge. C’est parti pour un festin d’une heure avant de passer aux choses sérieuses… « On chante mal, mais qu’est-ce qu’on mange bien ! », se moque Michèle.
La convivialité est LE facteur mis en avant par toutes les chorales, et elle semble en être le véritable ciment. Aux Sans Nom, à Nancy, forte d’une quarantaine de choristes, on tient « au bistrot après la répète ». « Sur la qualité du chant, on pourrait observer que la note fluctue un peu selon la pression atmosphérique, ou le degré alcoolique. Mais c’est souvent l’énergie dégagée qui fait effet », précisent Manu et Vincent.
« Nous sommes une chorale, mais pas que. Féministe, mais pas que. Ouverte aux femmes, mais pas que. On chante, mais pas que : on boit aussi, on mange et on parle beaucoup », s’amusent les membres des Infid’elles, de Villeurbanne, qui insistent sur le plaisir de se retrouver pour partager des moments de complicité. « On cultive beaucoup la convivialité », rigolent-elles, un verre à la main. « Et le chant là-dedans fait partie du plaisir et du lien, libère des énergies ». « Le chant c’est presque un prétexte ». « Les temps entre nous sont des temps de parole informels, ça a libéré la parole, sur nos vies de femmes », précisent les membres de ce groupe non-mixte. « Notre stratégie, c’est notre plaisir et notre liberté immédiats », ajoute Magali. (1)
Nul besoin de connaître le solfège pour faire partie de ces collectifs. Ce qui n’empêche pas de se mettre au travail quand il faut : « On rigole beaucoup, mais en même temps c’est très rigoureux » estime Sophie, de la chorale Les chant’sans pap’yé à Lyon. En effet dans ce « groupe vocal », « il y a une progression vocale nette au fil du temps. S’il n’y a pas de travail d’une fois sur l’autre c’est pas possible ». Dans beaucoup d’autres chorales, on est plus laxistes. « C’est une chorale de non-chanteurs à la base ! Pas de sélection, donc. Pas de jugement, et pas de contrainte », expliquent quant à eux des membres des Voix de l’usine à La Redonne, près de Draguignan (Var).
Organisation autogérée
Ce qui caractérise ces chorales réside d’abord dans leurs pratiques et leur organisation autogérée. On y partage souvent des bases politiques anti-autoritaires, et cela se traduit pour beaucoup d’entre elles (mais pas pour toutes) par l’absence de cotisation ainsi que de chef-fe de chœur. Il arrive qu’une personne plus musicienne que les autres joue un rôle d’animatrice, parfois à l’aide d’une guitare ou d’un accordéon. À la Chorale féministe du Trièves, en Isère, on se retrouve pour « l’ambiance, la bienveillance », et on en profite pour « essayer l’autogestion, toujours en tâtonnant et en devant rééquilibrer la place de chacune pour ne pas que les compétences créent des inégalités ». Pour les Chorageuses, chorale féministe grenobloise, cela a du sens également de créer « un espace abrité du sexisme et de l’homophobie » pour chanter, partager et « apprendre ensemble ».
Dans un cadre autogéré, on discute des décisions à prendre, on se répartit les mandats (centraliser les inscriptions aux rencontres d’été, donner une réponse à une sollicitation) de manière plus ou moins formelle selon les groupes. « Ceux qui se sentent un peu l’âme musicale peuvent mettre en forme des chants pour qu’ils puissent être chantés à plusieurs voix et se lancent pour faire répéter les copains », poursuivent les Sans Nom.
« Chanter plutôt que déchanter »
Il est intéressant de constater la diversité des luttes qui ont été le creuset de ces chorales et qui leur ont donné bien souvent l’impulsion de départ. C’est ainsi que les Glottes Rebelles, dans le massif du Pilat (Loire), qui comptent aujourd’hui une soixantaine de membres, ont été créées « suite à un concert de soutien aux Faucheurs volontaires d’OGM », raconte Jean-Luc. « Il y avait un carnet de chants révolutionnaires et un groupe de jeunes a passé une partie de la nuit à les chanter. On s’est dit : et si on montait une chorale ? ». Du côté des Gaperons Rouges, la chorale s’est développée « à partir d’un groupe d’amis qui chantait des chansons révolutionnaires pour les manifestations anti Front national ».
Les Kagolphoniques se sont créées en amont de la marche de nuit non-mixte de mars 2015 organisée à Marseille (mixité choisie meufs-gouines-trans). « C’était au départ des ateliers chorale pour préparer des chants et des slogans à scander dans la rue », expliquent-elles.
Les Chant’sans pap’yé sont nés, eux, d’un groupe lyonnais de RESF (2) au sein duquel il y avait un fort besoin d’expression, « et pas seulement de suivi des dossiers ». Des membres de l’association ont fait appel à Sophie Gentils, auteure-compositrice-interprète, pour les accompagner dans cette aventure. Ce groupe a la particularité d’être composé de personnes privées de papier et d’autres qui se sont engagées à RESF par solidarité. Au départ, ses quelques 25 membres ont entre 4 et 65 ans. (3)
Les Voix de l’usine, à La Redonne, sont en partie nées au sein du groupe local d’Attac. La Choravel de Toulouse s’est formée au sein d’un groupe de décroissance, qui se retrouvait sur des activités telles que jardin collectif et théâtre de rue. Le groupe a eu envie de « chanter plutôt que déchanter »… (4)
Des rendez-vous incontournables
Lorsque l’on interroge les membres de ces chorales sur leurs occasions de chanter
publiquement, la liste donne quelque peu le vertige. Premier lieu qui semble naturel : la rue. Certaines chorales ont des traditions bien installées : ainsi les Infid’elles chantent-elles à l’occasion du 8 mars, journée internationale des droits des femmes, et le 25 novembre, journée contre les violences faites aux femmes. Les Sans Nom, à Nancy, descendent dans la rue le 18 mars (Appel de la Commune) « à 18h71, forcément », le 1er mai et le 11 novembre… date à laquelle, plus au sud, d’autres chorale se réunissent pour chanter des chants antimilitaristes près de statues commémoratives anti-guerre. À Marseille, la Lutte enchantée rebaptise régulièrement la rue Adolphe Thiers -boucher de la Commune de Paris- en place Louise Michel. Et rameute chaque année en mars les autres chorales à l’occasion du carnaval de la Plaine.
La manif’ en chantant
Les manifestations semblent être le lieu par excellence où donner de la voix. Citons, pêle-mêle, celles autour de la loi travail (« nous sommes allés chanter à 4h du matin avec les camarades de SUD Rail à la Gare Saint-Charles »), en soutien aux personnes privées de papiers, autour de la COP21, devant le Consulat espagnol contre les lois anti-avortement en Espagne, contre les violences policières, contre le Tafta, contre la transphobie, pour essayer de contrer des événements oppressifs (organisés par l’extrême-droite), lors de Nuit Debout,…
Les Glottes rebelles sont très engagées dans la lutte contre l’extension d’une carrière à Saint-Julien-Molin-Molette. Les Sans Nom ont donné de la voix contre Cigeo Bure et pour soutenir la MJC des 3 Maisons menacée par les bulldozers. Les Canulars, à Lyon ont chanté devant la prison Saint-Paul en soutien aux prisonniers, à la fête de Sud-Solidaires, lors d’une soirée de soutien à Pinar Selek, ou encore, en robes de chambre, en soutien aux bains-douches municipaux menacés de fermeture. Les Voix de l’usine se sont fait entendre quant à elles lors de fêtes pour la défense d’une agriculture paysanne à Sillans.
Cependant, ce n’est pas toujours facile de chanter avec les grosses sonos pendant les grandes manifestations, expliquent des membres des Mauvaises pentes, groupe qui compte une quinzaine de membres. Avec également le son des orchestres, des batucadas,… À cet égard, il est plus facile de se faire entendre dans les petites manifestations et les rassemblements statiques, qui s’y prêtent mieux. « Les gens n’ont rien à faire d’autre, il ne se passe rien, ils sont contents de venir participer. Des passants s’arrêtent aussi pour chanter parfois, cela donne une dimension plus inclusive ».
Certaines chorales n’hésitent pas à se produire également dans des contextes plus classiques. Tels ces Gaperons rouges qui savent prendre du temps « pour un repas des personnes âgées » et Les Chant’sans pap’yé qui se produisent aussi sur des scènes. Ou encore la Choravel où l’on aime « créer du lien dans des lieux publics, dans des maisons de retraite », ou organiser des actions chantées « spontanées dans des lieux improbables » : Mac Do, supermarchés, banques, trains, places de villages,… Afin, de « mettre du lien humain et émotionnel dans des lieux voués à la consommation ». (5)
Un héritage populaire qui se transmet oralement
Aux Sans Noms comme dans beaucoup d’autres, on interprète des chants de lutte historiques, « dans toutes les langues : en français sur la Commune de Paris, en espagnol sur la Guerre d’Espagne, en italien sur les luttes ouvrières italiennes ». Cette base se retrouve dans de nombreux groupes du réseau des chorales révolutionnaire, celui-là même qui se retrouve chaque été à Royères (voir article page…). À cela s’ajoutent souvent des « chants du travail ou contre le travail » ou encore des chants basques ou occitans. Des chants qui portent des valeurs et des combats antimilitaristes, féministes, de liberté, d’égalité, de diversité,…
Certains d’entre eux ont acquis valeur de « classiques » et on peut les entendre chanter comme en écho d’une ville à l’autre : la semaine sanglante, l’estaca, bella ciao, a la huelga, l’hymne des femmes, fils/fille de marin… « La lega est notre ’tube’ incontournable, expliquent les Kagolphoniques. Ce chant traditionnel italien du 19e siècle est à l’origine chanté par les ’mondines’, repiqueuses de riz de la plaine du Pô, qui s’associent en ligues au côté des ouvriers et chantent leur révolte contre les patrons en réclamant la liberté ».
Aux Mauvaises pentes, à Lyon, comme ailleurs, on apprécie l’importance de la transmission historique par le chant. « Ça permet la transmission de la mémoire d’anciennes luttes », estime Francesca. Par exemple, la chanson Penn Sardin permet de ne pas oublier l’impressionnant mouvement de grève des sardinières de Douarnenez au début du 20e siècle. « C’est un patrimoine que nous transmettons à notre tour », ajoute Marie.
« C’est du rituel, estime quant à lui Manu, des Sans Nom. On ne veut pas des rituels des Églises ou des États, alors on a les nôtres. On fête nos anciens, nos morts, nos filiations, on se rappelle nos combats. On a besoin d’un passé pour lutter dans le présent et nous projeter dans l’avenir ».
Détourner la tradition, créer un nouveau répertoire
Mais le répertoire utilisé par ces chorales de lutte n’est pas seulement orienté vers le passé. Certains titres plus récents commencent à être partagés largement, tels Homophobia (6) ou encore Garde la paix, né sur la ZAD du Testet contre le barrage de Sivens. Le lien avec l’actualité va mener les chorales à s’approprier un nouveau répertoire, par exemple des chants grecs (Imaste dio) ou kurdes.
Peu portés sur la sacralisation des ancêtres, les membres des chorales n’hésitent pas à réécrire les paroles ou à adapter les mélodies à leurs envies et besoins. C’est ainsi que sous l’inspiration d’un militant proche des zadistes, Le chant des Canuts s’est transformé en un hymne anti-Vinci.
Le répertoire des chants de lutte, à la base largement issu de mouvements ouvriers et d’insurrections révolutionnaires armées, évolue en abordant davantage des questions écologiques, climatiques, liées à des Zones à défendre ou encore à des pratiques de résistance sans violence.
Les chorales féministes et beaucoup d’autres, pratiquent la féminisation. Les groupes ou leurs membres écrivent et composent aussi des chansons, comme On s’en bat l’avoine, chanson émasculiniste chez les Chorageuses et État d’urgence chez les Canulars.
Aux Chant’sans pap’yé, on organise « des ateliers d’écriture au cours desquels on essaie de sortir du thème unique ’pas de papiers’ , explique Sophie. »Les adolescents par exemple se sont saisis de cette liberté pour exprimer d’autres choses, des souvenir douloureux ou joyeux". Lors des spectacles, il n’y a d’ailleurs pas que du chant mais on prend aussi la parole : réflexions personnelles, coups de gueule, parfois poétiques ou sur d’autres thèmes, comme l’amour.
La Choravel se distingue de ses consœurs par le choix de son répertoire : « Notre répertoire n’est pas engagé en soi. Il est avant tout stimulé par notre plaisir de chanter, dans un répertoire de chants du monde, de chants qui nous touchent ». Elle promeut la diversité en interprétant des « chants polyphoniques de différents pays (Finlande, Hongrie, Bulgarie, Argentine, Turquie, Égypte, Italie, Iran, Arménie, pygmées, yoroubas, tsiganes,...) et de différentes régions (corse, basque, occitan) ».
Mille et une raisons de… ne pas chanter une chanson
Certaines chansons font débat et finissent par être refusées par certaines chorales après discussion. Si chanter unit, débattre sur les paroles fait ressortir les différents positionnements politiques des membres du groupe.
« Il y a débat sur le sens des textes, on censure des chants en désaccords avec nos valeurs : chants sexistes, guerriers... », témoignent les membres de la Choravel.
« On a récemment débattu de la légitimité qu’on avait à chanter en public des chansons qui parlent à la première personne de personnes que nous ne sommes pas », témoignent quant à elles les Chorageuses.
« Nous avons des approches différentes qui sont parfois visibles dans les discussions au sujet des paroles de chansons, explique Maren, des Mauvaises pentes. Par exemple la mention dans une chanson espagnole de l’insulte ’hijo de puta’ a donné lieu à des débats autour du féminisme, cela a été intéressant ». « Certaines paroles sont osées, très crues, et peuvent choquer, comme ’toutes des putes’ ou ’la pipe à pépé’ », s’amusent les Infid’elles, qui résolvent le problème en décidant qu’« on chante si on veut ».
« Deux chants ont posé problème : Boycott Israël et Vive le vandalisme (sur Notre-Dame-des-Landes). Certains les jugeaient trop radicaux, on ne les a jamais chantés », explique-t-on du côté du Chœur de l’usine. « Certaines chansons ont fait débat soit parce que beaucoup de choristes ne les trouvaient pas belles ou trop difficiles soit parce qu’il y avait des attaques trop virulentes, comme Père Duchesne » (chanson violemment anticléricale), témoigne Agnès des Gaperons rouges.
La phrase « Je ne veux pas de dieu, je ne veux pas de maître » à la fin de la chanson Je suis fille de marin, a fait débat à la Chorale féministe du Trièves. En raison du contexte islamophobe actuel, est-il pertinent de tirer aveuglément à boulets rouges sur tout ce qui ressemble à une religion ? (7)
« Le chant apporte une parole commune »
Mais au fait, pourquoi chanter, plutôt que parler, crier, brandir des panneaux ? « Le chant apporte à la lutte plusieurs choses, estime Christophe, de la Lutte enchantée : l’unité, la capacité à faire même quand on est bloqué par la police, le dire ensemble : on porte un message commun en chantant », sans oublier « la joie qu’on ressent parmi ceux qui écoutent. Le chant apporte une parole commune ». Par ailleurs, « chanter est une pratique non violente où tu peux oraliser des récits d’ une grande violence (comme dans Combien on vous paye ? ou La danse des Bombes) ». « Lors d’un blocage, d’une expulsion, le chant unit », renchérit Maren, des Mauvaises pentes. Chanter permet d’« apporter de la convivialité au delà des subtiles clivages politiques », estime Manuel, des Sans Nom. Le chant « apporte un moment de cohésion ».
Et en tant que femmes, chanter dans la rue est en soi un acte militant : « Chanter dans la rue, c’est aussi faire sa place, faire une place aux femmes. Parfois, sur le marché, on voit et on sent vraiment qu’on occupe un espace majoritairement masculin », estime une membre des Infid’elles.
« Une bonne chanson vaut mieux qu’un long discours »
Mais c’est aussi et surtout auprès du public, extérieur à la chorale, que chanter a un intérêt. En chantant, « on attire automatiquement l’attention. Il y a au départ un a priori favorable du public (évidemment, ça dure rarement ! ). Mais on peut se dire que le message passe mieux », expliquent des membres des Voix de l’usine. « La musique apporte un aspect joyeux et vivant, ça casse l’image habituelle des militants, le côté lourd de la lutte » expliquent les Mauvaises pentes.
Chanter est un transport émotionnel, une manière de toucher le cœur. Une façon également de « militer autrement » et de « faire passer les messages en douceur », estiment des membres de la Choralternative. Le chant permet de « dédramatiser certaines situations » lors d’affrontements avec la police par exemple, renchérissent les Kagolphoniques. « Quand les temps sont durs, cela fait du bien de chanter l’espoir et de voir le public touché, ému, c’est déjà une victoire, même si elle est petite », témoigne-t-on encore à la Choralternative. « Une bonne chanson vaut mieux qu’un long discours », résume Agnès, des Gaperons rouges.
En écoutant des personnes sans papiers chanter, « les gens se disent ’Mais en fait c’est des gens comme nous’. Cela casse des a priori », estime Sophie, des Chant’sans pap’yé.
Les chorales, lieux d’un engagement multiforme
Ces chorales alternatives et/ou révolutionnaires se vivent comme des lieux d’engagement et de militance sous diverses formes. Aux Sans Noms, on assume avoir été à l’initiative de mobilisations politiques locales, telles que la fête des 150 ans de la première Internationale, en 2014, et du 8 mai anticolonialiste en 2015.
À la Choravel, « chorale vélogérée », l’engagement s’exprime « par le choix de nos lieux de passage » lors du tour à vélo chaque été, « lieux collectifs et militants. Des valeurs fortes nous lient, notamment vivre ensemble avec nos différences, se déplacer en vélo, notre façon de gérer le relationnel et l’humain, un fonctionnement démocratique au sein d’un petit groupe, des réunions »émotion« , une logistique collective et modeste »,…
Pour Laurence, des Infid’elles, « on est militantes pas forcément dans la revendication, mais dans l’existence propre de ce groupe » non-mixte. « Même si ça ne se voit pas trop, c’est important ce qui se passe entre nous », renchérit Dominique, qui parle d’« un espace de liberté, sans jugement ». (8)
Pour Sophie, des Chant’sans pap’yé, la chorale a été créée d’abord comme un lieu d’expression, pour se faire du bien. « Ça a un rôle de »soupape« pour des personnes en situation de difficulté ». Mais cela « a changé aussi le rapport entre les soutiens et les sans papiers impliqués. Ils et elles se sont rencontrés différemment. Cela a généré d’autres liens, qui rejaillissent aussi sur le reste de la lutte ensemble ».
Guillaume Gamblin