La séquence électorale qui s’ouvre fin avril 2017, où seront désigné-es les tenant-es du pouvoir exécutif et législatif national, est censée être un temps fort de la vie démocratique de notre pays, une preuve de sa vitalité. Mais comme l’analysent le politologue français Bernard Manin et l’écrivain et historien belge David Van Reybrouck (1), nos démocraties occidentales sont précisément malades du « fondamentalisme électoral », c’est-à-dire que notre système politique se résume au processus électoral, avec toutes les failles qu’on lui connaît : non-représentativité des élus, carriérisme, clientélisme... Pour pallier ces dérives, ils préconisent le tirage au sort comme mode alternatif de répartition du pouvoir.
Pour l’heure, nous nous interrogeons dans les pages qui suivent sur l’emploi du terme même de démocratie pour qualifier notre régime politique. Nous revenons sur le cas de l’Islande, où un processus de réécriture de la constitution par les citoyen-es avait vu le jour mais peine à aboutir. En attendant d’enrichir nos pratiques démocratiques, les élections peuvent demeurer un instrument pertinent, à condition de changer certaines règles du jeu. C’est pourquoi nous abordons également la question du qui élit-on, et du comment.
Dossier coordonné par Nils Svahnström
(1) David Van Reybrouck, Contre les élections, Actes Sud, 2014 ; Bernard Manin, Principes du gouvernement représentatif, Champs Essais, 2012.