Numéro 455 - avril 2017


Pour des élections moins primaires !

À l’approche des prochaines élections en France, Silence a enquêté sur le système électoral et sur les modes de scrutin en vigueur actuellement, sur leurs limites et sur les alternatives possibles. Sommes-nous sûr-es que nous vivons bien en démocratie, et non en aristocratie élective ? Que pouvons-nous apprendre de l’exemple de l’Islande et de celui de la primaire citoyenne issue de la société civile ? Les votes par classement, par points ou encore par approbation pourraient-il apporter un peu plus de démocratie dans le grand jeu des élections ? Pour Silence la politique est bien loin de se limiter à ce rituel électoral, mais il nous a semblé intéressant malgré tout d’examiner de plus près ses rouages... pour pouvoir faire un pas de côté.

Dossier

Pour des élections moins primaires

En Islande, l’adoption de la constitution citoyenne patine

Dans notre numéro 426 (septembre 2014) consacré à la démocratie, un article de Lionel Cordier abordait le processus constituant qui avait vu le jour en Islande. Que s’est-il passé depuis ?

Démocratie ou aristocratie élective ?

Francis Dupuy-Déri est un universitaire québécois, chercheur en sciences politiques spécialisé dans les mouvements anarchistes et altermondialistes. Il s’est intéressé à l’origine du mot démocratie et à l’évolution de sa signification. Histoire d’un retournement sémantique, pour le moins... renversant.

La primaire.org, vers une citoyenneté numérique ?

S’il y a un phénomène qui aura marqué l’édition 2017 de l’élection du président de la République, « reine » du système politique français, c’est bien la multiplication des primaires. L’une d’entre elles, revendiquant être la seule primaire 100 % citoyenne, a fait émerger une candidate issue de la société civile.

Et si l’on changeait le mode de scrutin ?

Les deux élections les plus importantes de la vie politique française, la présidentielle et les législatives, consistent toutes deux en un scrutin uninominal majoritaire à deux tours. Or, celui-ci mesure très mal les opinions et peut faire élire un candidat autre que celui voulu par l’électorat. Quel autre mode de scrutin pourrait lui être substitué ?

Articles

La Légumerie : jardiner, cuisiner, partager

À Lyon, depuis 7 ans déjà, une association anime jardin, compost et cuisine participative. Il s’agit de montrer l’intérêt d’une agriculture urbaine, locale, écologique et solidaire.

Mélenchon, Jadot, Hamon

Ce qui les différencie ou pas… Les trois principaux candidats de gauche avancent des idées souvent proches, mais pas toujours. Un résumé de leurs engagements.

Réhabilitons les panneaux solaires et les éoliennes.

Des idées reçues ont profondément terni notre perception de ces appareils alors qu’en comparant ce qui est comparable leurs qualités s’avèrent remarquables.

David Caroll, inventer des pratiques musicales décroissantes

Pas si simple de se passer des outils de communication numériques et autres instruments électroniques quand on veut vivre de sa musique... A moins de défricher de nouvelles pratiques de rencontre du public et de diffusion, comme David Caroll.

Justes solidaires

Justes Solidaires propose de découvrir les visages et les histoires de citoyens français ordinaires et solidaires, hommes et femmes, devenus acteurs de l’une des plus graves crises humanitaires et politiques du début du 21e siècle.

Les souffrances invisibles des femmes au travail

Karen Messing s’intéresse aux conditions de travail qui rendent les gens malades. Descendant de son piédestal de scientifique, elle a eu cette attitude révolutionnaire : écouter les personnes concernées, les ignoré-es en bas de l’échelle sociale, dont une majorité de femmes.

Nucléaire : le démantèlement dans l’impasse

Depuis un siècle, nous cherchons comment détruire la radioactivité, en vain. Le démantèlement des sites nucléaires et la gestion des déchets se heurtent aujourd’hui à deux obstacles majeurs : une mémoire défaillante et un manque d’argent.

Stévia : un cas de biopiraterie

La stévia est une plante d’Amérique du sud. Les multinationales en ont extrait le principe sucré pour l’utiliser comme substitut dans les produits "light". Les Guaranis luttent pour dénoncer le vol de leurs savoirs.

Chroniques

Bonnes nouvelles de la Terre :
Les circuits courts alimentaires créent de nombreux emplois

100 dates féministes pour aujourd’hui :
9 août 1956 : Afrique du Sud : Marche des femmes à Pretoria

L’écologie, c’est la santé :
Une Initiative citoyenne européenne contre le glyphosate

En direct de nos colonies
La patrie des droits de l’homme armé

Brèves

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Éditorial

L’Élection, stop ou encore ?

La séquence électorale qui s’ouvre fin avril 2017, où seront désigné-es les tenant-es du pouvoir exécutif et législatif national, est censée être un temps fort de la vie démocratique de notre pays, une preuve de sa vitalité. Mais comme l’analysent le politologue français Bernard Manin et l’écrivain et historien belge David Van Reybrouck (1), nos démocraties occidentales sont précisément malades du « fondamentalisme électoral », c’est-à-dire que notre système politique se résume au processus électoral, avec toutes les failles qu’on lui connaît : non-représentativité des élus, carriérisme, clientélisme... Pour pallier ces dérives, ils préconisent le tirage au sort comme mode alternatif de répartition du pouvoir.

Pour l’heure, nous nous interrogeons dans les pages qui suivent sur l’emploi du terme même de démocratie pour qualifier notre régime politique. Nous revenons sur le cas de l’Islande, où un processus de réécriture de la constitution par les citoyen-es avait vu le jour mais peine à aboutir. En attendant d’enrichir nos pratiques démocratiques, les élections peuvent demeurer un instrument pertinent, à condition de changer certaines règles du jeu. C’est pourquoi nous abordons également la question du qui élit-on, et du comment.

Dossier coordonné par Nils Svahnström

(1) David Van Reybrouck, Contre les élections, Actes Sud, 2014 ; Bernard Manin, Principes du gouvernement représentatif, Champs Essais, 2012.