Dans le cadre d’une campagne collective contre l’évasion fiscale « en bande organisée » qui nous prive des ressources indispensables à la transition écologique et sociale, des chaises avaient été « réquisitionnées » dans des dizaines d’agences bancaires au moment de la COP 21. La campagne menée par les Amis de la Terre, ANV COP21, Attac, Bizi et Solidaires Finances Publiques a pris un tournant fin 2016. Une vingtaine d’actions d’occupation ont été menées à partir du 2 novembre 2016 dans des agences locales de la BNP. La campagne est passée à la vitesse supérieure un mois plus tard, les 9 et 10 décembre, avec 40 actions simultanées. Les Faucheurs et Faucheuses de chaises ont occupé des agences de la BNP dans une ambiance festive. Une radio pirate a émis d’une agence de Paris, un veau d’or a été installé à Roanne et une machine à laver les billets à Perpignan, un cocktail s’est tenu à Lyon, une crèche a été installée à Paris et une salle d’accouchement à Saint-Denis. (1)
Un procès qui fait du bruit
Près de 2000 personnes se sont retrouvées devant le tribunal correctionnel de Dax, le 9 janvier 2017, pour soutenir Jon Palais, un des responsables du mouvement Bizi ! qui devait répondre du « vol de chaises » dans une agence BNP lors d’actions collectives de réquisition de chaises. Le militant non-violent était défendu par Eva Joly, ancienne juge spécialiste de l’évasion fiscale et sa fille Caroline Joly, avocate. Dans la foule, on relevait la présence de nombreuses personnalités politiques. (2)
Reconnaissance de la légitimité des actions ?
Jon Palais a rappelé que les chaises n’ont pas été volées, mais empruntées et que 186 d’entre elles ont été restituées lors du procès Cahuzac. Il a aussi insisté sur le fait que les actions se font à visage découvert. Eva Joly a rappelé qu’heureusement que des militants agissent « car les gouvernements et la Commission européenne ne font rien ». L’action consiste à « faire le siège des banques » jusqu’à ce qu’elles s’engagent à supprimer l’évasion fiscale, même si celle-ci utilise des biais légaux. Une argumentation à laquelle le procureur a été sensible puisqu’il a demandé une dispense de peine. En l’absence des représentants des plaignants, il a aussi fait preuve d’humour en regrettant « la politique de la chaise vide de BNP Paribas ». Les avocates demandent plus : la relaxe. Le 23 janvier 2017, Jon Palais a été relaxé par le tribunal, tant pour l’accusation de « vol » de chaises que pour son refus de relevés d’empreintes et de prélèvement d’ADN.
Michel Bernard et Guillaume Gamblin
(1) Ainsi que d’autres actions dans des agences bancaires à Limoges, Tarbes, Lille, Besançon, Nantes, Agen, Annecy, Caen, Tours, Rouen, Marseille, La Réunion…
(2) José Bové, Yannick Jadot (EELV), Pierre Larrouturou (Nouvelle donne), Jean Lassale (Centre) ou encore Philippe Poutou (NPA). Benoit Hamon (PS) était représenté par Sandrine Charnoz, Jean-Luc Mélanchon (France insoumise) par Corinne Morel-Darieux.
Attac France, 21 ter, rue Voltaire, 75011 Paris, tél : 01 56 06 43 60, https://france.attac.org.
ANV COP21, http://anv-cop21.org.