Brève Chronique L’écologie c’est la santé Santé

Chasse au Centre international de recherche sur le cancer est ouverte !

François Veillerette

En mars 2015 le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), une agence scientifique spécialisée dépendant de l’OMS, basée à Lyon, a publié un rapport concernant la classification au regard du risque cancérogène du glyphosate, la matière active de l’herbicide le plus vendu au monde : le RoundUp de Monsanto. Cette publication devait déclencher une tornade médiatique soulevée par le classement « probablement cancérogène pour l’homme » que cette cette agence a attribué au le glyphosate. Pourquoi ? Et bien tout simplement parce qu’un classement officiel comme cancérogène probable du glyphosate, équivaudrait à une exclusion automatique de la substance en Europe, selon le règlement européen en vigueur. Actuellement le glyphosate dispose d’une autorisation provisoire depuis fin juin 2016 et son classement est toujours suspendu à une décision de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA).

Des lobbies déchaînés

Si l’issue de cette affaire est encore incertaine, les lobbies industriels concernés ne sont pas restés les bras croisés en attendant le verdict de l’Europe. Bien au contraire, ils se sont déchaînés… contre le CIRC en essayant de le décrédibiliser par tous les moyens ! C’est d’abord un article de l’agence Reuters qui tente de discréditer l’agence onusienne. Celui-ci donne la parole à des scientifiques caricaturalement critiques des méthodes du CIRC. Problème : l’agence de presse « oublie » de signaler que les scientifiques qu’elle cite ont des liens d’intérêt forts avec l’industrie ! Ensuite c’est la personne de Christopher Portier, un membre du panel d’experts du CIRC, qui est attaquée : il ne serait qu’un vulgaire militant ! Or l’examen de sa biographie révèle qu’il a occupé depuis trente années les plus hautes fonctions dans les organismes officiels de santé environnementale les plus prestigieux des États-Unis ! Des pressions sont exercées pour que des membres du groupe d’experts du CIRC sur le glyphosate communiquent leurs notes de travail. Des menaces sur le financement même du CIRC sont brandies par des parlementaires républicains états-uniens, etc… Devant la violence des attaques les scientifiques sont abasourdis, mais défendent leur travail.

La tactique de la diffamation

Ces pressions phénoménales ne sont pas sans rappeler celles, tout aussi violentes, qu’ont eu à endurer le scientifique français Gilles-Eric Séralini et son équipe en 2012, après leur célèbre étude sur les effets chroniques d’OGM et de désherbants à base de glyphosate sur des rats. Rien ne leur fut épargné : tentative de décrédibilisation humiliante, dépublication de l’étude contraire aux règles, propos diffamatoires… Quatre années plus tard leur étude a été republiée. Séralini a gagné tous ses procès en diffamation. Mais le travail de sape de l’industrie semble malheureusement avoir porté ses fruits puisqu’aujourd’hui l’équipe de Séralini ne trouve plus de financements pour poursuivre ses recherches…
Allons-nous laisser la même industrie traîner dans la boue les travaux d’un groupe de chercheurs indépendants du CIRC pour l’affaiblir ou même le détruire alors que cette agence produit des avis basés sur la science universitaire publiée qui peuvent être utilisés pour protéger la santé publique ?

François Veillerette
Générations Futures
www.generations-futures.fr

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