La revue Silence a réfléchi à maintes reprises à l’organisation d’une société plus autonome et présente régulièrement des expériences collectives d’autonomisation par rapport à la société de croissance et de consommation. Mais elle a rarement eu l’occasion d’interroger sur la place du ou des handicaps dans ces utopies et expérimentations.
Quelle serait la place des personnes ayant un handicap physique, sensoriel ou intellectuel dans une société de décroissance, post-pétrolière ? Peut-on apporter une seule réponse à cette question, tant la diversité des situations de handicap est grande ?
Une société fondée sur la valeur de l’autonomie ne serait-elle pas une société handicapante pour les personnes qui rencontrent des obstacles physiques ou intellectuels à une pleine autonomie ?
Et, sans attendre un futur utopique incertain, comment ces questions sont-elles affrontées dans les collectifs de vie qui mettent en pratique une forme d’organisation écologiste ? Quelle est la place effective et possible des différentes formes de handicaps en leur sein ?
Ce dossier a permis de suivre des collectifs et des individus qui ont, à un moment donné, opéré des ruptures par rapport à un fonctionnement médico-social qu’ils jugeaient infantilisant, afin de conquérir une plus grande autonomie. Des exemples, comme celui de l’association JAG en Suède, posent cependant la question de leur généralisation possible au-delà de ce pays qui est l’un des plus riches au monde. Une prise en charge aussi poussée de handicaps lourds est-elle universalisable ? Quels choix budgétaires cela nécessiterait-il ? Comment prendre en compte les inégalités Nord-Sud ?
Combien y a-t-il des personnes en France qui n’ont pas demandé à bénéficier à l’Allocation adulte handicapé (AAH) par volonté d’autonomisation par rapport à l’Etat ?
Enfin, ce dossier n’a abordé qu’à la marge, avec les entendeurs et entendeuses de voix, la question de l’anti-psychiatrie. Il serait intéressant de revenir sur ce dernier sujet dans les pages de Silence. Si des lecteurs ou lectrices se sentent compétent-es pour aborder ce sujet, leurs propositions sont les bienvenues.
La rédaction de Silence