On le sait maintenant : les perturbateurs endocriniens sont partout dans notre environnement. Ces substances chimiques ou ces métaux qui sont capables d’interférer avec notre système hormonal se retrouvent en effet, entre autre, dans les pesticides que nous ingérons sous forme de résidus, dans les composés imperméabilisants de nos vêtements, dans les cosmétiques dont nous nous enduisons la peau, dans les produits anti-feu qui farcissent nos canapés et nos ordinateurs ou encore dans la multitude d’objets en matière plastique qui peuplent notre quotidien.
Dans les plastiques justement les perturbateurs endocriniens sont particulièrement présents. Que ce soit dans les plus durs de type polycarbonate, qui contiennent une proportion importante du fameux Bisphénol A (BPA), ou dans les plastiques souples comme le PVC contenant les non moins célèbres phtalates. Les effets de ces substances ? Impossible de tous les nommer tant les études s’accumulent. Mais sachez que le BPA est toxique pour la reproduction et favoriserait certains cancers, comme celui du sein. Les phtalates, qui constituent une famille (dont les membres se nomment DEHP, DINP, DIDP ou encore DNOP) ne sont pas en reste. Ils peuvent eux aussi altérer la reproduction mais également le bon développement du cerveau du fœtus, des scientifiques pointant un risque de diminution du quotient intellectuel et des troubles de déficit de l’attention et d’hyperactivité (TDAH).
Avancer au niveau de l’Europe
La menace sanitaire est donc réelle. Mais la situation est loin d’être désespérée puisque ces deux substances sont des bons exemples des progrès qu’une action publique déterminée est capable d’apporter en matière sanitaire. Certains phtalates parmi les plus dangereux ont ainsi été interdits il y a plus de dix ans pour les jouets ciblant les enfants de moins de trois ans et les articles de puériculture. Et l’Agence de sécurité sanitaire française (l’ANSES) vient de publier une évaluation rassurante sur la toxicité des substances remplaçant ces phtalates dans les jouets. Par ailleurs, les tubulures en plastique comportant du DEHP devraient être prochainement interdites dans les services de pédiatrie, de néonatalogie et de maternité, quand les alternatives seront techniquement au point. Cette interdiction a été votée en 2012 dans une loi, proposée par le député Gérard Bapt, qui contient une autre décision d’importance : celle de l’interdiction immédiate du BPA dans les biberons et en 2015 dans les contenants alimentaires.
La France a longtemps fait cavalier seul en Europe sur cette question du BPA, mais le 6 octobre 2016 le Parlement européen a appelé la Commission européenne, dans une résolution votée à une très large majorité, à « harmoniser les exigences de sûreté pour les matériaux au contact des denrées alimentaires ». Dans le viseur des eurodéputé-es, entre autres : le Bisphénol A ! Même si cette résolution n’est malheureusement pas contraignante, la pression est de plus en plus forte pour exiger un retrait de cette substance dans les contenants alimentaires au niveau communautaire. Alors, il reste bien sûr beaucoup à faire pour supprimer toutes les sources d’exposition aux perturbateurs endocriniens présents dans les plastiques mais une chose est sûre : les choses avancent !
François Veillerette
Générations Futures
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