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Voutes nubiennes, la nouvelle vie d’une technique ancestrale

Anais Dombret, Servane Philippe

Une association franco-burkinabé redonne vie à une technique pluriséculaire de construction, dite des voûtes nubiennes. Matériaux locaux et peu coûteux, adaptation au climat sahélien, simplicité de mise en œuvre… les avantages sont nombreux.

Dans le village de Boromo, situé au centre du Burkina-Faso, à 200 kilomètres au sud de Ouagadougou, sa capitale, un ensemble de bâtiments atypiques attire l’œil. Il s’agit de maisons rectangulaires en terre avec un toit-terrasse et des ouvertures en voûte.

L’association (franco-burkinabé) La voûte nubienne a construit son siège à l’image du mode de construction qu’elle met en avant, celui des « voûtes nubiennes ». Cette technique de construction existe depuis des millénaires mais elle a été popularisée dans les années 1960 par l’architecte égyptien Hassan Fathy, récipiendaire du prix Nobel alternatif en 1980 pour son action en faveur du développement d’une architecture pour les pauvres. L’association La voûte nubienne la promeut depuis les années 2000, d’abord au Burkina-Faso puis dans plusieurs pays du Sahel.

« Ici, on a pas d’argent mais on a du temps et des bras »

Le procédé architectural originel a été simplifié pour le rendre encore plus accessible. Les formations orales se font à l’aide de photos et de dessins que les membres de l’association montrent dans les villages. La construction des voûtes ne nécessite pas de coffrage ni aucune autre sorte de support. Elles font 3m 25 de large, construites avec des briques de dimensions standard pour les murs et des briquettes pour la toiture et les voûtains. Un « câble-compas » composé de 6 brins de fil de fer torsadés ensemble, est tendu de part en part de la construction à hauteur de la naissance de la voûte dans l’axe de celle-ci. Il est utilisé pour définir la courbe de la voûte et guider le maçon dans son travail.
Les voûtes s’appuient sur des contreforts, sur lesquels repose un toit-terrasse. Globalement, ce type d’habitat nécessite un outillage basique et des matériaux disponibles sur place. Les briques sont faites d’eau et de banco (une sorte de pisé obtenu en mélangeant de la terre, de la paille et des cailloux). Une bâche en plastique est utilisée pour l’isolation du toit et un enduit (souvent fait d’eau de karité, d’un peu de goudron et de sable) recouvre les murs.
« Tu sais, ici, on a pas d’argent mais on a du temps et des bras », explique Séri Youlou. Ce dernier est présent depuis le début de l’association, cofondée avec le Français Thomas Grenier. « L’idée de Thomas était de faire quelque chose avec les matériaux locaux, poursuit Séri. »
Au départ, au début des années 2000, la population locale ne cachait pas son scepticisme. « Les gens nous prenaient pour des fous et ne voulaient pas habiter dans des maisons en terre », sourit Séri. Un jour, ce dernier a fait monter 40 personnes sur les 5 mètres de terrasse de sa bâtisse, histoire de dissiper les craintes.
En plus d’être solide et accessible, la voûte présente de nombreux avantages. Elle évite l’utilisation de matériaux coûteux, comme le bois (qui se raréfie en raison de la déforestation) et la tôle. Plus respectueux de l’environnement, ce type d’habitat présente aussi un confort thermique adapté aux conditions climatiques sahéliennes.
Le succès des voûtes dépasse depuis longtemps les frontières du Burkina Faso. De nombreux édifices ont été créés au Bénin, au Ghana, au Sénégal, au Mali… il s’agit de mosquées, d’écoles, de centres culturels. Mais Séri n’est pas du genre à se reposer sur ses acquis. L’avenir de l’association ? « Il n’y a pas de guide papier que nous suivons à la lettre, rappelle-t-il. Il faut donc continuer à récolter les idées pour améliorer la technique. »

Servane Philippe et Anaïs Dombret (Reporterre)

• La voute nubienne, 7, rue Jean-Jaurès, 34190 Ganges, tél : 04 67 81 21 05, www.lavoutenubienne.org

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