Sur quoi travaille le Réseau pour les alternatives forestières (RAF) actuellement ?
Nicholas Bell : Notre préoccupation majeure en ce moment est de permettre l’accès au foncier forestier. Pourquoi ?
• Parce que, face à la destruction des forêts, au risque de grosses coupes rases, de remplacement de forêts mixtes par des monocultures de résineux, une piste est de les acheter. Nous étudions actuellement la création d’un fonds de dotation. (1)
• Parce que les travailleurs des forêts ont du mal à accéder à leur lieu de travail sur le moyen ou long terme. Ils n’ont que des contrats ponctuels. Nous travaillons donc à définir des contrats entre les propriétaires et les personnes qui interviennent sur leurs forêts à moyen ou long terme, et dans une vision partagée du devenir de la forêt.
Les circuits courts sont un autre thème important, et les rencontres du RAF en octobre 2016 portent sur ce sujet.
Le RAF est un espace d’échanges, de rencontres entre professionnels et non-professionnels. Ils se retrouvent autour de mêmes valeurs (2). Les moments partagés permettent de construire des alternatives et de les renforcer. Les rencontres, formations, ateliers… organisés par le RAF donnent beaucoup d’énergie aux groupes ou personnes qui s’investissent sur leurs territoires et luttent contre la pensée unique forestière. Nous veillons beaucoup à ce que nos propositions soient réalistes et pragmatiques, même si, profondément, nous voulons transformer la relation entre la société humaine et la forêt.
Dans le livre Vivre avec la forêt et le bois, vous mettez en avant des personnes et des collectifs qui prônent un autre rapport avec la forêt, des alternatives à la gestion forestière conventionnelle. Quels sont les traits principaux de ces initiatives ?
Pascale Laussel : Ce qui relie ces personnes, c’est qu’elles choisissent leur façon de vivre et de travailler pour être en accord avec leur valeurs, leurs envies. Elles résistent au courant dominant et créent leur propre chemin. Elles recherchent avant tout une cohérence interne, une éthique. Il en découle une démarche écologique et/ou sociale. Cette exigence éthique, depuis l’arbre jusqu’à l’usage final, nécessite beaucoup d’énergie. Les personnes mises en avant dans ce livre ne sont pas guidées par des intérêts financiers. Elles sont habitées par la forêt, le bois, le travail de qualité, la transmission.
Gaëtan du Bus de Warnaffe : Ces personnes cherchent une relation plus humaine avec le territoire. La qualité et le plaisir comptent plus que le rendement et le résultat final.
Propos recueillis par Guillaume Gamblin
(1) Un peu à l’image de ce que fait Terre de Liens pour les zones agricoles.
(2) Qui figurent dans la charte du RAF.