Cette invention, inspirée du pousse-pousse asiatique, a fait son apparition à Lyon en 2003. Il est amusant que ce moyen de transport, supprimé par la Chine communiste en raison de son caractère dégradant, réapparaisse en Occident sous une forme ludique. « Gérée par une entreprise indépendante, l’activité offre à des jeunes un job d’appoint de chauffeur, voire de guide touristique. » (Le terme « job » désigne en général un emploi éphémère et aléatoire, aux conditions salariales plus ou moins réglementées.) Sur la coque des véhicules, des publicités assurent une recette complémentaire, souvent plus de la moitié des recettes.
Ce moyen de déplacement ludique a plu. Les mairies des grandes villes, désireuses de réduire les émissions de gaz à effet de serre, ont plutôt bien accueilli les propositions d’installation. D’aucuns, pragmatiques, y ont vu un moyen de réintroduire la publicité dans des espaces publics classés...
Les sociétés s’appellent Cycloville à Amiens, Annecy, Compiègne, La Rochelle, Lille, Montpellier..., Vélo-taxi à Toulouse, Trip-Up, tricycle urbain de proximité à Paris, Cyclopolitain à Rennes et à Lyon (1).
Mais ces initiatives ne sont pas les bienvenues partout. Elles sont interdites par exemple à Colmar, Marseille et Strasbourg, pour des raisons différentes ! A Marseille, les taxis ont obtenu l’interdiction des « vélocabs », qu’ils considèrent comme des concurrents déloyaux. (De même qu’ils ont réussi à faire interdire la circulation des vélos municipaux de nuit.)
A Strasbourg, après divers incidents qui ont révélé le vide juridique dont bénéficient actuellement ces tricycles, mettant la justice dans l’embarras, la municipalité ordonne maintenant la mise à la fourrière des vélos-taxis !
A Pau, les cyclo-taxis d’Eco’Fil ont failli disparaître. La société a perdu 80 % de son budget fourni par les annonceurs, ce qui a mis ses finances en péril. Depuis sept ans, 600 à 700 personnes l’utilisent chaque mois, parmi lesquelles un grand nombre de personnes âgées dont le lieu de résidence n’est pas desservi par la société de transports urbains. Une subvention exceptionnelle de 15 000 €, accordée par le syndicat mixte des transports urbains, a permis de les maintenir en conservant leur tarif : 1 € de prise en charge et 1 € par kilomètre.
On constate que ces initiatives, qu’elles soient privées ou semi-publiques (associations subventionnées), restent fragiles et n’ont pas encore trouvé leur assise.
Monique Douillet
(1) Cette société privée n’a pas de lien avec « Cyclopousse », service associatif à l’intention des seniors, né en 2006 à Villeurbanne, dont nous parlons page suivante.