La ville de Villeurbanne, dans le Rhône, a imaginé en 2006 une solution innovante et écologique permettant aux personnes âgées de se déplacer dans leur quartier pour faire des courses ou des sorties d’agrément. Le cyclopousse taxi vous prend et vous ramène à la porte de votre habitation pour 1,50 €, quelle que soit la distance. Double objectif social, puisque le véhicule est piloté par des bénéficiaires de contrats aidés formés à l’accompagnement. La mairie contribue à financer la structure.
Cette innovation a rapidement intéressé la ville de Lyon et attiré l’attention de plusieurs partenaires financiers (1).
En 2009, la ville de Lyon avait mis en service le cyclopousse dans trois arrondissements (le 3e, le 4e et le 5e) et finançait largement l’opération. Sur un total de 25 000 € de budget, elle prenait en charge 20 000 €. Trois mille euros provenaient de sponsors privés, et 2000 € des usagers. A la fin de cette même année, une enquête de satisfaction auprès des utilisateurs plébiscitait le service, avec néanmoins quelques critiques sur la sécurité et le confort.
Or, en décembre 2015, au moment où je m’apprêtais à enquêter sur ce service original, j’ai appris qu’il fermait, « faute de clients ». Un chauffeur qui travaillait pour l’association gestionnaire Résidence et foyer (AREFO), regroupant des résidences pour personnes âgées, m’a pourtant affirmé que le service donnait satisfaction. Cette décision précipitée de fermeture le laissait amer.
Une solution de remplacement ?
Interrogée par téléphone, Françoise Rivoire, adjointe au maire de Lyon, déléguée aux liens intergénérationnels et aux personnes âgées, m’assure qu’une solution de remplacement est à l’étude. Une analyse du fonctionnement des cyclotaxis dans toutes les villes de France est en cours et, en parallèle, on mène une enquête approfondie sur les demandes des seniors, qui sont loin d’être uniformes. Selon elle, le dispositif et l’outil sont très intéressants, mais le modèle économique doit être repensé. « Avec un cyclopousse par arrondissement concerné, qui de surcroît, ne circule pas le samedi, il est difficile de répondre à la demande. D’autant que les chauffeurs doivent prendre eux-mêmes les appels, tout en conduisant et accompagnant les passagers. (…) Résultat, six mille voyages ont été recensés en 2014. D’où le déficit élevé qui a conduit l’association gestionnaire à cesser l’activité. »
Au cours de mon enquête, j’ai perçu un décalage inexplicable entre les annonces et la réalité. Par exemple, où se trouve la nouvelle flotte de véhicules (voir encadré) ?
Quid des partenaires financiers qui reconnaissaient le caractère ambitieux du projet ?
Pourquoi l’information sur ce service était-elle aussi confidentielle ?
Monique Douillet
(1) La CRAM Rhône-Alpes, des institutions de retraite, le Conseil général du Rhône, la Région Rhône-Alpes, la Fondation de France, la Caisse d’épargne et la Fondation Macif.
En réponse aux critiques pointées au cours de l’enquête de satisfaction, fin 2009, douze élèves ingénieurs avaient été appelés à travailler pendant un semestre pour améliorer le confort et la sécurité des véhicules. Ils avaient proposé des systèmes innovants : banquette avec étouffeur de vibrations, protection contre la pluie et le soleil, marchepied pliant, abaissement du plancher, poignées d’accès, sans compter une assistance électrique au pédalage. Début 2012, la mise en service des nouveaux véhicules avait été annoncée. Or la même critique sur l’inconfort et le manque d’espace pour poser les sacs dans l’habitacle perdurait en 2015…