En janvier 2012, l’état de Jonglei (Sud-Soudan) est sinistré à la suite d’affrontements tribaux massifs. La situation dégénère en conflit violent et brutal entre les Lou Nuer et les tribus Murle. Cinq mille combattants Lou Nuer marchent sur la ville de Pibor pour des représailles. En route, les combattants brûlent des villages entiers, blessent, tuent et enlèvent de nombreuses femmes et enfants Murle. Les victimes sont évacuées vers l’hôpital de Juba, la capitale. Les patients de l’hôpital incluent, parmi ces victimes, deux enfants retrouvés gisant à côté de leurs mères mortes avec le crâne ouvert.
Empêcher la poursuite d’un massacre au Sud-Soudan
Des équipes internationales de l’organisation Nonviolent Peaceforce (NP) (1) se rendent à l’hôpital pour évaluer la situation alors que les menaces se poursuivent de part et d’autre. Les combattants Lou Nuer à l’hôpital affirment qu’ils vont « finir le travail » et tuer les patients Murle qui, de leur côté, commencent à se barricader à l’intérieur de leur « quartier » surpeuplé. Les intervenants de NP s’engagent alors auprès des patients et du personnel hospitalier, ainsi que des représentants des différentes tribus pour assurer une présence de protection non-violente dans les différents services de l’hôpital. Ils convainquent également le personnel de l’hôpital de travailler de concert avec la police pour maintenir un espace de sécurité à l’intérieur du bâtiment. Les membres de NP restent à l’hôpital vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept, pendant trois mois. Aucun incident violent ne s’est produit au cours de cette période.
Une formation poussée pour des interventions efficaces
Ce n’est qu’un exemple parmi les nombreuses interventions des équipes de NP qui disposent de quelques 150 personnes aujourd’hui au Soudan du Sud (2). Les missions de NP dans cette région sont les premières missions de maintien de la paix confiées par l’ONU à une ONG non-violente. Une reconnaissance majeure de l’efficacité des méthodes non-violentes. NP est aussi intervenu au Sri Lanka, au Guatemala, aux Philippines, en Ukraine et en Syrie depuis fin 2015. L’organisation étudie actuellement un projet d’intervention en Centrafrique.
Tous les intervenants, après une sélection sévère, reçoivent une formation poussée avant de partir en mission puis sont suivis en permanence.
François Marchand – Co-Président de Non-violence XXI
(1) « Force de paix non-violente » en français.
(2) Retrouvez de nombreuses études de cas sur le site (en anglais) : www.nonviolentpeaceforce.org.